Togo – Affaire des incendies : Jean-Pierre Fabre rejette les conclusions de l’instruction
Dix jours après la publication de l’ordonnance définitive du doyen des juges d’instruction dans l’affaire des incendies des marchés de Lomé et de Kara, le chef de file de l’opposition togolaise, toujours inculpé, rejette en bloc les conclusions de l’enquête officielle.
On attendait avec impatience la réaction de Jean-Pierre Fabre, leader de l’Alliance nationale du changement (ANC) après les ordonnances définitives de non-lieu partiel prises le 9 mai dans l’affaire des incendies des marchés de Lomé et de Kara, en janvier 2013. Lors d’une conférence de presse organisée le jeudi 19 mai à Lomé, le chef de file de l’opposition, qui reste inculpé dans le dossier, a contesté la décision du juge.
« Dans l’intérêt de la justice, de l’apaisement sociopolitique et de la paix, le gouvernement togolais devrait se ressaisir pour mettre fin à cette tragédie ubuesque en ouvrant une enquête réellement indépendante pour établir la vérité sur cette affaire », a indiqué l’opposant. Quant à Me Zeus Ajavon, coordinateur du Comité Sauvons le Togo (CST) à l’époque des faits, également inculpé, il estime que les « vrais auteurs » des incendies sont connus des autorités.
Vingt trois personnes bénéficient d’un non-lieu selon l’ordonnance rendue par le doyen des Juges d’instruction. Parmi elles se trouvent notamment l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, le secrétaire national à la communication de l’ANC, Eric Dupuy, ou le chauffeur et garde du corps de Jean-Pierre Fabre, Apollinaire Athiley.
Procès imminent
Après un peu plus de trois ans d’instruction, vingt personnes demeurent donc inculpées et un procès devrait s’ouvrir « prochainement » devant la Cour d’Assises de Lomé. « Je suis content de demeurer inculpé dans cette affaire, parce que si ce n’était pas le cas, je ne pourrais même plus y intervenir en tant que témoin. Je serai même content qu’on m’envoie à la Cour d’assises et ce qu’il y a à dire, nous le dirons là-bas », a déclaré Me Zeus Ajavon. « Serein et tranquille », Jean-Pierre Fabre, qui a toujours clamé son innocence et celle des membres de sa formation politique qui sont inculpés, estime que « les véritables auteurs de ce crime inqualifiable courent toujours tandis que des innocents croupissent en prison ».
Jean-Pierre Fabre est soupçonné d’avoir été informé de la préparation des incendies, étant donné que des « réunions de préparations spirituelles » auraient été organisées au siège de l’ANC dont il est le premier responsable. Le bureau de l’opposant aurait également servi, selon l’instruction, de « cadre de planification et de préparation des actes de destructions volontaires des biens publics et privés ».
Le juge estime que Jean-Pierre Fabre « qui a reconnu que les comptes rendus de toutes les réunions qui se tenaient dans le cadre des programmes du CST lui étaient régulièrement faits » ne « pouvait donc pas ignorer la tenue de ces importantes réunions et l’accomplissement de ces nombreux actes graves au siège de l’ANC dont il est le premier responsable ».
Les incendies des marchés de Lomé et de Kara ont causé des pertes estimées à 6 milliards de francs CFA, laissant sinistrés un peu plus de 3 000 commerçants.
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