Tunisie : Ennahdha a ouvert son 10è congrès à Tunis
Tout ce que Tunis compte, ou presque, de personnalités politiques s’est pressé, le 20 mai, à l’ouverture du 10è congrès d’Ennahdha, à Tunis.
La grand-messe du parti doit se conclure aujourd’hui par l’annonce d’une réorientation et la métamorphose du parti islamiste, actuellement majoritaire à l’Assemblée avec 69 sièges, en parti civil et démocratique.
Pour l’occasion, les responsables d’Ennahdha ont vu grand et mobilisé des moyens importants pour présenter sous la coupole de la salle omnisports de Radès (sud de Tunis) un show digne des grandes campagnes électorales. Un événement à la hauteur du poids d’Ennahdha dans le paysage politique tunisien.
La présence de Béji Caïd Essebsi à la cérémonie d’ouverture l’a confirmé : le président de tous les Tunisiens a tenu à féliciter le parti islamiste de cet aggiornamento dont les grandes lignes ne seront annoncées qu’à l’issue des travaux du Congrès.
Adoption des thèmes chers aux démocrates
Mais la salle chauffée à bloc a surtout été emportée par les propos de Rached Ghannouchi. le fondateur du mouvement, qui a signifié avec une extrême aisance que les débats identitaires et religieux ne devaient plus avoir cours si on voulait mettre en œuvre la réconciliation nationale. Il a renouvelé son soutien au gouvernement et à la coalition gouvernementale et fait siens les thèmes traditionnellement chers aux démocrates : condamnation du terrorisme, préoccupations des Tunisiens en matière de cherté de la vie et de développement, importance de l’éducation, réhabilitation de la formation professionnelle, pacte avec la jeunesse et bronca contre l’administration ainsi que les mouvements sociaux qui ont un impact négatif sur les entreprises publiques.
Pour la séquence émotion, il a choisi dans un tremblement de voix d’évoquer sa mère en rendant hommage à la femme tunisienne et à son rôle déterminant dans le développement du pays.
Un chant de jeunes filles non voilées
Si l’on en croit Ghannouchi, Ennahdha est donc décidée à oublier les différends et à faire la paix avec tous. Elle salue les figures nationales historiques comme Kereddine, Moncef Bey, Abdelaziz Thaalbi, Salah Ben Youssef et Habib Bourguiba mais aussi les martyrs dont Chokri Belaïd, son ancien ennemi juré.
En ouverture, un chœur de jeunes filles non voilées a entamé des chants révolutionnaires et c’est la chanson « Ya Bahri » du chanteur engagé libanais, Marcel Khalifa qui a accompagné le passage où Ghannouchi comparait la Tunisie à un bateau prêt à larguer les amarres.
Reste maintenant à savoir si ce changement de ramage et de plumage ressemble plus à du maquillage qu’à un profond changement d’idéologie et de stratégie.
Le Congrès en chiffres
– 1200 congressistes
– 10 000 repas servis
– 5 traiteurs mobilisés
– Distribution d’une tablette à chaque congressiste
– Mise à contribution de la plupart des agences événementielles
– Couverture de l’événément par Nessma TV
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