EgyptAir : les boîtes noires toujours recherchées, « toutes les hypothèses sont possibles » dit Sissi

Les recherches se poursuivaient activement dimanche en Méditerranée trois jours après le crash du vol Paris- Le Caire d’EgyptAir pour localiser les précieuses « boîtes noires » qui aideront peut être à trancher entre la thèse de l’accident et celle de l’attentat.

Une photo diffusée le 21 mai 2016 sur la page Facebook du porte-parole de l’armée égyptienne montrant des débris trouvés dans la mer Méditerranée après le crash de l’Airbus A320. © AFP

Une photo diffusée le 21 mai 2016 sur la page Facebook du porte-parole de l’armée égyptienne montrant des débris trouvés dans la mer Méditerranée après le crash de l’Airbus A320. © AFP

Publié le 22 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est intervenu fermement pour rappeler qu’à ce stade « toutes les hypothèses sont possibles » et qu’aucune n’est privilégiée.

Le ministre de l’Aviation civile avait évoqué la thèse de l’attentat le jour même de la catastrophe il y a trois jours mais, depuis, l’absence de revendication et l’émission d’alertes signalant de la fumée à bord et une défaillance du système de commandes de vol ont renforcé celle de l’incident technique.

Le vol MS804 s’est abîmé en mer Méditerranée dans la nuit de mercredi à jeudi avec 66 personnes à bord, dont 30 Égyptiens et 15 Français, après avoir soudainement disparu des écrans radars.

Les navires et avions des armées égyptienne et française scrutaient pour le troisième jour la mer entre la Crête et la côte nord de l’Égypte, cherchant à localiser la carlingue de l’Airbus A320 et ses deux enregistreurs de vol, les « boîtes noires ».

Des débris du vol MS804 retrouvés. © Laurence Saubadu/AFP

Des débris du vol MS804 retrouvés. © Laurence Saubadu/AFP

L’armée égyptienne avait repêché vendredi de premiers débris de l’appareil, un membre humain et des effets personnels des passagers et a publié samedi quelques photos: un sac à dos rose d’enfant, orné de papillons, un petit morceau de carlingue complètement déchiqueté, des revêtements de sièges lacérés et un gilet de sauvetage intact mais déplié. Un enfant et deux bébés figurent parmi les victimes.

« Depuis, ils ont repêché quelques autres débris mais aucun corps », a assuré à l’AFP dimanche un responsable du ministère de l’Aviation civile qui a requis l’anonymat.

Mais les enregistreurs de vol, ou « boîtes noires », n’ont pas encore été repérés. Le « ping » des balises des deux enregistreurs n’émettra que 4 à 5 semaines dans l’eau, avant que leurs batteries ne soient épuisées.

La France a dépêché un patrouilleur de haute mer, l’ »Enseigne de vaisseau Jacoubet », qui doit arriver lundi après-midi pour participer aux recherches sous-marines de la carlingue, des corps et des débris. Le ministère égyptien du Pétrole a également envoyé sur place « un sous-marin capable de descendre à 3 000 mètres » pour localiser les boîtes noires, a assuré le président Sissi.

Jusqu’à vendredi soir, le gouvernement égyptien mais aussi la grande majorité des experts interrogés par les médias penchaient pour la thèse de l’attentat, six mois après l’explosion d’une bombe à bord d’un avion de touristes russes qui venait de décoller d’une station balnéaire égyptienne. Cet attentat qui a tué les 224 occupants de l’appareil avait été revendiqué quelques heures seulement après par la branche égyptienne du groupe Etat islamique (EI).

Aucune revendication

Or, plus de trois jours après le drame du Paris-Le Caire, il n’y a eu aucune revendication.

Un message audio diffusé samedi soir du porte-parole de l’EI n’a pas mentionné le drame. Les experts ne s’y attendaient toutefois pas : ces messages sont enregistrés des jours, voire des semaines avant leur diffusion. Al-Furqan, le média de l’EI qui l’a diffusé, ne relaie pas de revendications d’attentat, qui sont habituellement faites sur les comptes Twitter ou Telegram des principaux propagandistes de l’EI.

Mais davantage que cela, c’est la révélation samedi que le système automatisé de l’appareil a émis, près de trois minutes durant, des alertes signalant de la fumée notamment à l’avant de l’appareil et des défaillances des systèmes électroniques gérant les commandes de vol, qui a réhabilité la thèse de l’incident technique. Même si rien n’exclut, selon les spécialistes, que la fumée soit la conséquence d’un incendie volontaire.

L’hypothèse de l’explosion d’une bombe, même si elle reste théoriquement valide, a perdu du terrain: le 31 octobre dernier, la petite charge qui avait explosé à bord du charter russe avait provoqué la désintégration instantanée de l’appareil en raison de son altitude, à près de 11 km, à cause de la très brutale dépressurisation que la brèche dans le fuselage avait provoquée. Or l’Airbus d’EgyptAir volait jeudi sensiblement à la même altitude lorsque les radars ont perdu sa trace, quelques minutes après les alertes automatisées.

« Il est beaucoup trop tôt pour interpréter et comprendre les causes de l’accident tant que nous n’avons retrouvé ni l’épave, ni les enregistreurs de vol », a répété samedi à Paris le porte-parole du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), qui a dépêché en Égypte trois enquêteurs, aux côtés d’un expert d’Airbus.

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