Sommet d’Istanbul – Babacar Cissé : « La coordination humanitaire n’est pas toujours efficace sur le terrain »

Le premier sommet humanitaire mondial vient de se terminer à Istanbul. C’était le premier du genre organisé par l’ONU. Babacar Cissé, haut responsable de l’ONU en Côte d’Ivoire revient sur les enjeux de ce sommet.

Chefs d’États et de gouvernement présents au sommet d’Istanbul les 23 et 24 mai 2015. © Yasin Bulbul/AP/SIPA

Chefs d’États et de gouvernement présents au sommet d’Istanbul les 23 et 24 mai 2015. © Yasin Bulbul/AP/SIPA

Publié le 25 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

Quelques 6 000 personnes – dirigeants et représentants d’ONG du monde entier – dont une soixantaine de chefs d’États et de gouvernement, ont répondu présent au sommet humanitaire mondial organisé les 23 et 24 mai par les Nations unies, premier du genre. Objectif : mieux répondre aux crises humanitaires provoquées par les conflits ou le réchauffement climatique… Le pays d’accueil, la Turquie, n’a pas été choisi au hasard puisque près de 2,7 millions de Syriens se sont réfugiés sur son territoire.

Retour sur les principaux enjeux et les engagements pris à l’issue du sommet avec Babacar Cissé, représentant du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Côte d’Ivoire, joint mardi par téléphone par Jeune Afrique.

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Jeune Afrique : C’est la première fois qu’un tel sommet est organisé. Dans quel but ?

Babacar Cissé : Le principal enjeu, c’était la mobilisation des acteurs. Depuis plusieurs années, on constate une démobilisation des partenaires, qui se traduit notamment par une baisse des soutiens financiers en matière d’aide humanitaire. À ce titre, le sommet est une réussite puisque c’est la première fois qu’autant d’acteurs de l’humanitaire – représentants d’ONG, principaux donateurs, États, leaders d’opinion – se réunissent pour discuter de ces questions.

Sur quoi l’accent-t-il été mis ? 

Notamment la coordination entre les différents acteurs. On constate sur le terrain qu’elle n’est pas toujours optimale, et même inefficace notamment en ce qui concerne l’allocation des ressources. La nécessité de mieux articuler assistance humanitaire d’urgence et développement à moyen et long-terme a également été soulignée.

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Quels engagements ont été pris sur le plan financier ?

Ban Ki-moon avait fixé comme apport de principe 1 milliard de dollars. Mais aucun engagement précis n’a été pris.

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Rien de bien concret donc… Vous le regrettez ?

Il ne s’agit pas là d’une conférence de mobilisation des ressources. Dès l’instant où vous arrivez à mobiliser les énergies, on peut parler d’une avancée. Ce qui me semble fondamental, c’est l’engagement politique qui a été pris d’accompagner les 125 millions de personnes qui ont besoin d’assistance dans le monde, en faisant preuve d’humanité et de solidarité. Par ailleurs, il était important de mettre le doigt sur ce que l’on peut améliorer en matière de réponses aux crises humanitaires.

Concernant la Côte d’Ivoire, pays que vous représentez, comment qualifieriez-vous la situation humanitaire ?

La Côte d’Ivoire est dans une situation particulière car le Conseil de sécurité a décidé de clôturer la mission des Nations unies dans le pays. Elle n’est plus dans une situation aiguë d’urgence humanitaire comme ce fut le cas au début de la crise post-électorale (2010-2011).

Dès 2013, la coordination des acteurs humanitaires a été transféré avec succès aux autorités ivoiriennes. Par ailleurs, le pays a su mettre la main à la poche pour financer ses besoins humanitaires résiduels. Ça a beaucoup aidé car, d’un budget de 400 millions de dollars dédiés aux besoins humanitaires, on est passé à 90 millions de dollars en 2015 pour atteindre 50 millions de dollars cette année, selon nos dernières prévisions.

L’un des enjeux, c’est d’associer le secteur privé dans le financement de l’aide humanitaire. À ce titre, une réunion s’est tenue en amont de ce sommet pour faciliter l’engagement des entreprises, à travers des mesures de défiscalisation, ce qui nécessite de modifier le cadre légal. L’implication du secteur privé peut s’avérer très importante en cas de crise. On a pu le constater récemment face à l’épidémie d’Ébola.

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