Diaporama – Dessin : Enam Bosokah, stylé stylo
Les portraits du jeune Ghanéen Enam Bosokah font frissonner le Net. Travaillant avec un simple Bic, il porte le dessin à un niveau rarement atteint.
Un éclat lumineux dans une pupille. Une perle de sueur. Un simple reflet sur une joue. Dans les dessins hyperréalistes d’Enam Bosokah, le plus infime détail hypnotise. L’artiste Ghanéen, à seulement 27 ans, crée des illusions azurées, des portraits crayonnés avec une telle maîtrise qu’ils ressemblent à des photos. Ses armes sont pourtant les plus humbles – et les moins chères – qui soient : des stylos à bille Bic cristal et du papier à dessin 224 grammes.
Né dans une famille de sept enfants dans la ville de Tefle, dans l’est du Ghana, Enam n’a jamais pris de cours de dessin étant petit, mais il observait avec envie son père crayonner en amateur. Le petit garçon a très tôt pris conscience de son talent. Un jour, à l’école primaire, on demande à toute sa classe de dessiner un animal. L’institutrice jette un oeil par-dessus l’épaule d’Enam, et, stupéfaite, demande à ses camarades de venir admirer sa création. Par la suite, elle l’invitera à venir régulièrement dessiner au tableau pour que les autres élèves copient ses esquisses.
En grandissant, Enam est bien décidé à accrocher son rêve. Il étudie l’art à l’université Kwame-Nkrumah, à Kumasi, dans le centre du pays. Après sa licence, le jeune homme décide de faire une pause de deux ans pour vivre de ses créations. Il tente de s’imposer comme sculpteur, mais se trouve bientôt dans une impasse pour financer ses projets personnels ("la résine et la fibre de verre sont très chères"). C’est alors qu’il décide d’utiliser le matériel le moins coûteux qui soit, et généralement snobé par les artistes contemporains : feuille blanche et stylo Bic.
Aujourd’hui, la modestie des moyens lui permet également de transmettre un message presque philosophique à travers ses oeuvres. "Le stylo est un outil très simple, mais puissant, dit-il. Il a fait naître de grands hommes… scientifiques, avocats, politiciens. La plupart du temps, nous sous-estimons les petites choses, nous ne tentons pas de tirer le meilleur de chaque opportunité. Voilà la métaphore qui se cache derrière mes dessins."
>> Lire aussi : Kelvin Okafor : des portraits plus vrais que nature
Un gros travail d’observation
Le crack du Bic dessine en soirée ou dans la nuit. "Durant ces moments de solitude, je suis plus serein, plus concentré", explique-t-il. Il travaille plusieurs heures, sans interruption, multipliant les lignes par centaines, les croisant pour préciser un volume, le moiré d’une étoffe, un grain de peau. Aucun sujet ne lui fait peur. Il fait apparaître des paysages, des natures mortes, des animaux.
Mais il se concentre aujourd’hui sur des portraits, essentiellement d’Africains – anonymes ou célèbres, comme Nelson Mandela ou Bob Marley -, tentant de pousser suffisamment loin son travail d’observation pour percer la personnalité de celle ou de celui qu’il représente et la restituer. Il réalise également des portraits sur commande : 300 dollars pour un format A3 et 250 dollars pour un A4 (environ 260 et 220 euros).
Artiste tout juste émergent, Enam rêve d’un succès à l’international. Il a déjà bluffé les réseaux sociaux et compte une grosse dizaine de milliers de fans sur Facebook. Il prévoit plusieurs expositions cette année, dont une le 28 septembre dans la ville de Dodowa, dans la région d’Accra. Souvent, pourtant, il hésite à vendre ses oeuvres, qui, comme il l’explique "racontent chacune une histoire". Sans compter qu’un seul dessin lui demande en moyenne plus de deux semaines de travail intensif… et une semaine de repos.
Pour contacter Enam : ebosokah@gmail.com
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