Gabon : Ali Zen Bongo et l’opposition

À moins de deux ans de l’élection présidentielle, le chef de l’État calme le jeu en autorisant à nouveau le principal parti d’opposition. Reste à voir comment réagiront ses membres les plus radicaux.

Rassemblement de l’Union nationale, le 10 novembre 2012, à Libreville. © Xavier Bourgois/AFP

Rassemblement de l’Union nationale, le 10 novembre 2012, à Libreville. © Xavier Bourgois/AFP

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Publié le 11 février 2015 Lecture : 2 minutes.

C’est un pari audacieux. Le 4 février, le gouvernement gabonais a réhabilité l’Union nationale (UN), la principale formation concurrente en vue de la présidentielle de 2016. Guy-Bertrand Mapangou, le ministre de l’Intérieur, a annulé l’arrêté "portant dissolution de l’UN" signé le 27 janvier 2011 par son prédécesseur, Jean-François Ndongou.

On s’en souvient, cette décision avait sanctionné l’activisme d’André Mba Obame, qui s’était autoproclamé chef de l’état malgré sa défaite à l’élection de 2009. Pour les opposants, le second coup de massue fut le vote d’une loi interdisant aux dirigeants d’un parti dissous d’exercer des responsabilités à la tête d’une formation politique. Cette disposition a elle aussi été annulée par le Conseil des ministres, le 29 janvier dernier.

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"Nous n’avons jamais douté de ce que [le pouvoir] allait tôt ou tard abroger cet arrêté", confie Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, un cadre de l’Union nationale. Ses fondateurs, des transfuges du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), ont toujours refusé de créer une nouvelle formation. Ils ont préféré saisir le Conseil d’État. En attendant, Zacharie Myboto, Jean Eyéghé Ndong, Casimir Oyé Mba et André Mba Obame ont conservé la structure et fonctionné quatre ans durant dans une semi-clandestinité, exerçant leurs activités politiques comme si de rien n’était.

Champ de ruines

En coulisses, des diplomates basés à Libreville ont manoeuvré pour convaincre le président de sortir l’UN du maquis, avec l’effet escompté d’apaiser un climat politique maintenu sous tension par les courants les plus radicaux du parti d’opposition. Parmi eux, les Souverainistes, désormais menés par Jean Ping, rival d’Ali Bongo Ondimba et probable candidat à la présidentielle de 2016. Ce faisant, le chef de l’État met Ping dans l’obligation de clarifier sa position au sein de l’UN, dont il n’a jamais pris la carte de membre.

Cette réhabilitation intervient alors que l’autre grand parti d’opposition, l’Union du peuple gabonais, n’est plus qu’un champ de ruines que se disputent les héritiers du fondateur disparu, Pierre Mamboundou. C’est donc avec l’Union nationale que le parti au pouvoir devra en découdre lors des scrutins à venir.

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