Le fils du Premier ministre mauricien fait un retour remarquable aux premiers échelons du gouvernement, puisqu’il occupe désormais le poste le plus important après celui du chef du gouvernement.

Pravind Jugnauth, leader depuis 2003 du Mouvement socialiste militant, principal parti de l’Alliance Lepep au pouvoir depuis le 10 décembre 2014, prend les rênes des Finances, qu’il avait déjà tenues au milieu des années 2000 puis au début de cette décennie. Le portefeuille des Finances était intégré depuis le remaniement de mars 2016 parmi les responsabilités du Premier ministre sir Anerood Jugnauth.

Pravind Jugnauth, 54 ans, se retrouve désormais sur la voie pour succéder à son père âgé de 86 ans à la tête du gouvernement.

Compte tenu de la stagnation économique et d’une croissance de +3,1 % en-deçà des ambitions du pays, présider la destinée économique de Maurice est « un grand défi » a commenté le nouveau ministre des Finances après sa prestation du serment.

Pravind Jugnauth se prépare à présenter le budget national. Ses priorités seront la relance des investissements privés et la création d’emplois. Le chômage des jeunes est la grande préoccupation du moment, car selon l’Office des statistiques, l’année dernière 26,3 % des Mauriciens de 16 à 24 ans étaient au chômage.

Politiquement sauvé après un retentissant procès 

Les démêlés de Pravind Jugnauth avec la justice ont failli fracasser sa carrière politique.

Le 30 juin dernier 2015, Pravind Jugnauth était ministre des Technologies de la communication et de l’innovation, quand tombe une décision de la Cour intermédiaire qui secoue le gouvernement. Il est déclaré coupable dans un procès pour conflit d’intérêt baptisé « l’affaire MedPoint » qui traîne depuis 2011. Le ministre est contraint à la démission, mais fait appel du jugement.

Ce procès en appel a été un des plus retentissants et des plus débattus de l’histoire du pays. Il consistait à déterminer si Pravind Jugnauth était coupable dans un procès pour conflit d’intérêts. Parce que le 29 décembre 2010, il avait signé en tant que ministre des Finances la vente à l’État de la clinique privée MedPoint dans laquelle sa soeur était actionnaire. L’affaire avait fait scandale au point de pousser la Commission anti-corruption à ouvrir une enquête qui a abouti à plusieurs arrestations dont celle de Pravind Jugnauth.

C’est ce long épisode qui a pris fin, hier, mercredi 25 mai.  La Cour suprême, la plus haute instance de justice de Maurice, a cassé le verdict de culpabilité prononcé par deux juges de la Cour intermédiaire il y a un an. Les juges de la Cour suprême ont estimé que Pravind Jugnauth n’avait pas de « mens rea » (« esprit criminel » en latin, autrement dit l’intention de commettre une infraction criminelle) en signant en tant que ministre des Finances la vente de la clinique MedPoint.

« Ce jugement fera jurisprudence sur la question de conflit d’intérêts à Maurice », a commenté son avocat Raouf Gulbul.

La classe politique, la majorité comme l’opposition a salué cette décision de justice. « Félicitations à Pravind Jugnauth et félicitations au judiciaire », a réagi sur la chaîne privée Radio Plus, Shakeel Mohamed, le chef de file des Travaillistes (parti d’opposition) à l’Assemblée nationale.

Bio express

Né en décembre 1961, Pravind Jugnauth est marié et père de trois enfants. Diplômé en droit de l’université d’Aix-en-Provence (France) et de l’université de Buckingham (Royaume-Uni), il a occupé de très hautes responsabilités ministérielles à Maurice, dont celles de ministre des Finances et du développement économique à deux reprises : entre décembre 2003 et juillet 2005, puis entre mai 2010 et juillet 2011.