L’Italie adopte Favour, l’orpheline malienne symbole du drame des migrants
Les candidats à l’adoption de Favour, orpheline malienne de neuf mois arrivée sur l’île de Lampedusa, se manifestent par dizaines, rapporte jeudi la presse italienne.
![Des migrants attendent de pouvoir débarquer sur l’île de Lampedusa, le 31 mai 2015. © Mauro Buccarello/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/05/26/sipa_ap21883672_000001.jpg)
Des migrants attendent de pouvoir débarquer sur l’île de Lampedusa, le 31 mai 2015. © Mauro Buccarello/AP/SIPA
« J’ai demandé qu’elle me soit confiée, je voudrais la garder pour toujours avec moi », a déclaré, ému, aux médias italiens le docteur Pietro Bartolo, le seul médecin qui travaille à Lampedusa et qui a accueillie la fillette originaire du Mali.
Favour a survécu au naufrage du bateau qui transportait 120 personnes et dans lequel ont péri ses deux parents, en tentant de rejoindre l’Europe par la mer Méditerranée. Elle est arrivée dans les bras d’une autre jeune femme qui l’a confiée au docteur.
« C’est une petite fille ravissante et tendre. Elle m’a mis les bras autour du cou, elle m’a fait pipi dessus, et elle n’a pas versé une seule larme », raconte le docteur. « Elle a un petit visage rond, c’est une fillette d’une rare beauté ».
Favour, 9 mesi
— UNICEF Italia (@UNICEF_Italia) May 26, 2016
Sua mamma l'ha presa il mare
È per bambini come lei che ci battiamo #tuttigiuperterra #actofhumanity pic.twitter.com/lnWFeJwwXV
« C’est pour des enfants comme elle que nous nous battons », tweete la représentation de l’Unicef en France, montrant une photo de Pietro Bartolo portant Favour dans ses bras.
Vague d’émotion en Italie
Cette histoire a provoqué une vague d’émotion en Italie. Les coups de fil proviennent de toute l’Italie et le téléphone du cabinet n’arrête pas de sonner. « Tous veulent l’adopter, tous supplient pour s’occuper et élever cette petite fille », a affirmé dans l’après-midi le médecin au quotidien La Repubblica.
Pietro Bartolo, la soixantaine, a vu des milliers de migrants, des vieux et des enfants, des morts et des vivants, mais « on ne s’y habitue jamais et chaque fois que je dois ouvrir un sac (contenant un cadavre, NDLR), j’ai mal au ventre », dit-il.
Il est l’un des personnages de Fuocoammare, un documentaire de Gianfranco Rosi sur les réfugiés, qui a reçu en février dernier l’Ours d’or au festival de Berlin.
Le médecin s’était déjà vu confier, il y a cinq ans, un jeune Tunisien de 17 ans : « Maintenant, il va bien, il part et il revient, comme s’il était mon fils », confie-t-il.
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU, quelques 972 000 personnes avaient traversé la mer Méditerranée en 2015 au péril de leur vie pour rejoindre l’Europe, des arrivées par la mer cinq fois plus nombreuses qu’en 2014. Depuis le début de la semaine, pas moins de 5 000 personnes ont été secourues au large de la Libye, dont 562 ont été sauvées mercredi par la marine italienne après le naufrage spectaculaire de leur bateau.
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