Black Paris Walks : balades dans le Paris d’Aimé Césaire et de Joséphine Baker

Depuis deux ans, un guide touristique fait connaître Paris à travers le prisme de grandes figures de la culture noire. Les visiteurs découvrent ainsi des personnalités importantes, trop souvent absentes des livres d’histoire.

Illustration du site blackpariswalks.com. © blackpariswalks.com

Illustration du site blackpariswalks.com. © blackpariswalks.com

Publié le 13 février 2015 Lecture : 3 minutes.

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Aimé Césaire : retour sur un siècle de lumières

A l’occasion des dix ans de la disparition d’Aimé Césaire, le 17 avril 2008, Jeune Afrique vous propose de (re)lire une série d’articles issus de nos archives sur le parcours de cet intellectuel qui aura laissé une marque profonde sur son siècle.

Sommaire

À l’occasion du mois de l’histoire des Noirs aux États-Unis, Kévi Donat, jeune guide de 30 ans, a compté parmi ses visiteurs, mardi 10 février, Malaak Shabazz, la fille de Malcolm X. Cinquante ans après la mort de son père, elle était venue à Paris pour le récent lancement par l’ONU de la décennie internationale des personnes d’ascendance africaine. Elle en a profité pour faire une de ces visites du Paris noir qui semblent faire de plus en plus d’adeptes.

Quelques jours plus tôt, un petit groupe d’amis se retrouvait sur la place du Panthéon. Couverts jusqu’au menton, ils tenaient à faire, malgré le froid, un de ces circuits. Parmi les trois proposés, ils ont choisi celui appelé  "La rive gauche et les pionniers", qui va du berceau de la négritude dans le 5e arrondissement, aux caves de jazz de Saint-Germain-des-Prés. Le groupe et son guide passent par La Sorbonne, par de grands lycées parisiens, et s’arrêtent devant des lieux de prédilections d’intellectuels et d’artistes antillais, africains ou afro-américains. Kévi Donat évoque, classeur rempli d’images d’archives à l’appui, les parcours d’Alexandre Dumas (dont la grand-mère était esclave à Saint-Domingue), de Félix Eboué, de James Baldwin, ou encore d’Anna Julia Cooper, ancienne esclave qui étudia à La Sorbonne et devint une des premières afro-américaines à obtenir un doctorat. 

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Pour ce diplômé de Science Po, le choix de l’appellation anglaise "Black Paris Walks" n’est pas dû à une réticence au mot "noir" que l’on pourrait juger trop stigmatisant, ni à une peur d’apporter un vent de polémique sur ces visites. "J’ai choisi l’anglais parce que les balades étaient à l’origine conçues pour des étrangers. Alors que j’étais déjà guide à Paris, certains touristes me demandaient pourquoi la population noire était importante dans la capitale. Je voulais pouvoir leur répondre." Après s’être lancé, il constate que des Français de toutes origines, sont aussi intéressés par ses circuits. Aujourd’hui, il les fait donc aussi simplement appeler "Le Paris Noir".

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Mais il n’est pas le seul à organiser ce type de parcours dans Paris et n’a d’ailleurs pas inventé le concept. Des organismes sont déjà implantés sur ce créneau, comme "Walking The spirit", créé dans les années 90 par une Américaine nommée Julia Browne. Comme elle, les quelques autres initiateurs de circuits similaires sont Américains, et ont créé ces balades pour leurs compatriotes de passage dans la Ville lumière. Le fait d’être Français est donc un atout pour Kévi, tout comme celui de bien connaître Paris. Car lui ne se concentre pas uniquement sur les personnalités africaines-américaines, ni sur les beaux arrondissements de la ville. Il se permet par exemple d’emmener ses visiteurs dans des quartiers comme celui de la Goutte d’Or, où réside une forte population d’origine africaine. Un quartier populaire, a mauvaise réputation, où les touristes s’aventurent d’habitude peu. Mais là, ses visiteurs, dont beaucoup sont des étudiants venus du monde entier, s’y promènent sans rechigner.

Il déclare ne pas compter le nombre de visiteurs qu’il a eu depuis le début de son projet. "Une bonne centaine, je pense", dit-il approximatif.

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Pour la visite de ce jour-là en tout cas, Laura et ses amis ne semblent pas déçus. "Je suis  allée dans des villes comme New York où ce type de visites existent", dit-elle. "Et je suis contente qu’une proposition de ce type soit aussi faite à Paris, et de manière si réussie". Son ami Thomas dit avoir découvert des personnalités dont il ignorait l’existence, comme l’acteur Habib Benglia. "J’ai aussi appris que l’histoire du Paris noir n’était pas faite que de Noirs"», déclare-t-il.

Clin d’œil à l’écrivain et musicien de jazz Boris Vian, ou à Jean-Paul Sartre, qui préfaça en 1961 le livre Les damnés de la terre, de l’antillais Frantz Fanon.

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Le site de la Black Paris Walk : http://www.blackpariswalks.com/tours/
 

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