Afrique du Sud : Malema interpelle Zuma, échauffourées au Parlement
On s’y attendait : le discours annuel sur l’État de la nation sud-africaine a été jeudi une épreuve difficile pour le président Jacob Zuma. Discours interrompus, députés de l’opposition expulsés, invectives des partisans de Julius Malema… L’exercice a tourné au pugilat.
![Échauffourées au Parlement sud-africain le 12 février 2015. © Capture d’écran.](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2015/02/13/013022015114039000000parlsudaf.jpg)
Échauffourées au Parlement sud-africain le 12 février 2015. © Capture d’écran.
Julius Malema l’avait promis : jeudi 12 février, il ne laisserait pas Jacob Zuma prononcer son discours annuel sur l’État de la nation sans intervenir. Le trublion populiste n’avait pas menti. Il ne s’est pas passé cinq minutes avant qu’un député de sa formation, les Combattants de la liberté économique (EFF, en anglais), n’interpelle le chef de l’État au sujet du scandale sur l’utilisation de fonds publics pour la rénovation de sa résidence privée.
>> Lire aussi : "Afrique du Sud : Jacob Zuma rattrapé par ses démons"
L’un après l’autre, les députés des EFF se sont levés pour poser la question : "Est-ce que l’on peut demander au président quand est-ce qu’il va rembourser l’argent comme l’a recommandé la médiatrice de la République ?"
En colère, la présidente de l’Assemblée, Baleka Mbete, a demandé à plusieurs élus de l’EFF de s’asseoir. Mais, après trente minutes d’échauffourées, elle a décidé de passer à la vitesse supérieure : elle a ordonné leur expulsion par le service de sécurité, déclenchant une brève rixe lors de laquelle plusieurs personnes ont été blessées, selon des témoins.
Il fallait s’y attendre. Un véritable bras de fer s’est en effet engagé entre le président Zuma et Julius Malema dans une Afrique du Sud qui affronte une crise minière et monétaire sans précédent depuis l’apartheid et où les coupures d’électricité ont révélé la mauvaise gestion des compagnies parapubliques. L’année dernière déjà, le pouvoir, empêtré dans les scandales avait eu à subir une fronde au Parlement. Elle s’était déjà soldée par des échauffourées et l’évacuation de certains députés par la police anti-émeutes.
Le principal parti de l’opposition, l’Alliance Démocratique, a lui aussi protesté contre l’intervention de la police nationale jeudi 12 février, la jugeant anticonstitutionnelle. Et ses 89 élus ont donc également quitté l’hémicycle, à la grande joie de Julius Malema qui, à l’extérieur de l’enceinte, a dénoncé un État policier. "Voilà ce qui arrive en Afrique du Sud quand les gens posent des questions légitimes. Ils sont agressés et la police est appelée pour les arrêter. Et nous sommes vraiment contents que l’Alliance démocratique ait eu le courage de s’opposer à ce que le Parlement devienne un État policier", a-t-il déclaré.
Le président Zuma a quant à lui repris son discours avec une heure de retard. Avec plus d’un quart des députés absents mais sous les applaudissements des élus de son parti, le Congrès national africain (ANC). Il a parlé des problèmes en cours, notamment le chômage, et, concernant les coupures d’électricité, a annoncé que l’Afrique du Sud mettrait bientôt en concurrence "cinq pays", dont la France, pour développer un programme de centrales nucléaires. Mais l’assistance, sonnée, n’écoutait déjà plus.
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Par Mathieu OLIVIER
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