Le Maroc organise la première Coupe d’Afrique de hockey sur glace !
La nouvelle peut surprendre ou prêter à sourire, mais elle n’en est pas moins sérieuse : la première Coupe d’Afrique de hockey sur glace aura lieu en juillet au Maroc. Un rendez-vous sportif inédit, pour l’instant 100% maghrébin, résultat d’une aventure humaine forte en émotions.
Insolite ? « Enfin ! » vous répondront plutôt les organisateurs et équipes participantes, qui luttent depuis plusieurs années pour pratiquer et faire connaître leur sport sur le continent. Car cette compétition, c’est surtout l’occasion de promouvoir le hockey sur glace en Afrique et de convaincre les autorités gouvernementales de soutenir son développement.
Organisée par la Fédération royale marocaine de hockey sur glace (FRMHG), cette Coupe d’Afrique des clubs (et non des nations) aura lieu du 24 au 31 juillet dans les patinoires de Rabat et de Casablanca. Cinq clubs participeront au tournoi : les « Bears » de Casablanca et les « Capitals » de Rabat (Maroc), les « Corsaires » d’Alger (Algérie), les « Aigles de Carthage » (Tunisie) et les « Anubis et Pharaons » (Égypte).
Plus qu’une compétition, une fête
Des pays d’Afrique du Nord, le Maroc est le plus avancé en matière de sports d’hiver. Le hockey sur glace, en particulier, a commencé à s’y développer en 2005 avec l’ouverture de la première patinoire de glace du pays, à Rabat, puis la naissance du premier club de hockey sur glace à l’initiative de Khalid Mrini, avec l’aide de ses deux frères. Onze ans après, celui-ci devient président de la Fédération royale marocaine de hockey sur glace, créée en février 2016.
Le Maroc, seul pays du Maghreb membre de la fédération internationale de hockey sur glace, compte aujourd’hui sept clubs de hockey sur glace et environ 300 hockeyeurs affiliés. « Vous seriez surpris de l’engouement que ce sport suscite maintenant. Nous sommes même obligés de refuser des gens à cause du manque d’espace ! » indique Khalid Mrini, qui nous confie par ailleurs être en train de former la première équipe féminine de hockey sur glace en Afrique et dans le monde arabe.
Organisée pendant la fête du trône (célébration nationale marquant l’intronisation du roi), cette compétition sera avant tout, se réjouit-il, « un moment de partage et de rencontre entre pays frères, voisins, amis. » Et de rappeler en souriant que l’union fait la force, face aux difficultés de ce sport à percer dans des pays où le foot est roi.
Un nouveau rêve qui se réalise
Ce tournoi des clubs, c’est aussi un nouveau rêve qui se réalise pour Ihab Ayed, président de l’Association tunisienne de hockey sur glace. Après avoir réussi, non sans mal, à former une équipe avec des joueurs vivant dans différents pays, il a pu organiser le premier match de l’histoire du hockey sur glace tunisien en juin 2014, en banlieue parisienne.
En Tunisie, l’intérêt des jeunes est indéniable, mais ce sont les infrastructures qui manquent, déplore-t-il. « La question qui nous est la plus souvent posée est : où puis-je faire du hockey sur glace en Tunisie ? » Et la réponse est : nulle part, pour l’instant. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’équipe tunisienne ne peut s’entraîner en Tunisie, et les hockeyeurs ne se retrouvent, à leurs propres frais, qu’à l’occasion des matchs disputés.
« En promouvant le hockey sur glace et en essayant de sensibiliser le ministre tunisien des Sports et le comité olympique, j’espère aussi susciter d’autres vocations comme le patinage artistique ou le ski par exemple. » Et petit à petit, Ihab Ayed et son équipe gravissent la montagne qui les sépare de leurs objectifs. Prochaines étapes : la reconnaissance officielle de l’association en Tunisie (les statuts ayant été déposés en France) et la construction d’une patinoire pour pouvoir accueillir, entre autres, une prochaine Coupe d’Afrique de hockey sur glace. « En Tunisie, on part du principe que s’il n’y a pas de neige, il ne peut y avoir de sports d’hiver. C’est cette mentalité que nous voulons changer. »
Renouer avec ses origines
Ce sport a aussi permis aux hockeyeurs évoluant à l’étranger de renouer avec leur pays d’origine ou celui de leurs parents. Avant de rejoindre ces équipes nationales au Maghreb, certains entretenaient des relations compliquées, voire inexistante avec ces pays, n’y avaient jamais mis les pieds, ne parlaient pas l’Arabe.
« Ils ont tous plus ou moins la même histoire, souligne Ihab Ayed, ils ne savaient pas vraiment où se situait leur tunisianité. Aujourd’hui, grâce à ce sport, ils se sentent Tunisiens et fiers de l’être. » Un effet « nationalisant » également constaté au Maroc par Khalid Mrini, qui espère pouvoir réunir encore plus de clubs africains l’année prochaine.
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