Nigeria – Goodluck Jonathan : « Je n’ai pas été consulté » sur le report des élections
Le président nigérian Goodluck Jonathan a assuré mercredi dans une émission télévisée qu’il n’avait « pas été consulté » sur le report de six semaines, de mi-février à fin mars, des élections présidentielle et législatives.
"Je n’ai pas été consulté et je ne veux pas être consulté". Goodluck Jonathan, 57 ans et candidat à un nouveau mandat, s’est exprimé pour la première fois mercredi 11 février sur le report des élections lors d’une séance de questions-réponses avec des journalistes et des téléspectateurs, retransmise en direct sur plusieurs chaînes de télévision nationales.
Près de 69 millions de Nigérians – sur une population de 173 millions d’habitants – devaient se rendre aux urnes le 14 février pour élire leur président ainsi que les députés et sénateurs de leur fédération, composée de 36 États et un territoire fédéral (Abuja). Mais le 7 février, à sept jours du vote, la Commission électorale nationale indépendante (Inec) a annoncé le report des scrutins, en précisant ainsi donner suite à une demande de l’Agence nationale de la sécurité (NSA). Les élections des gouverneurs et assemblées des États ont également été décalées de six semaines, au 11 avril.
>> Lire aussi Report des élections au Nigeria : Goodluck peut-il encore l’emporter ?
Pas de "gros problème"
Goodluck Jonathan a indiqué qu’il ne voyait pas de "gros problème" au report, décidé par l’Inec dans le cadre de son mandat constitutionnel. Pour lui, les difficultés de distribution des cartes d’électeurs ainsi que les préoccupations sécuritaires pour le nord-est du pays étaient des motifs légitimes pour le report. Et si cette décision est perçue souvent par la communauté internationale comme une excuse par le pouvoir sortant pour "prolonger son mandat" dans certains pays africains, "cela n’est pas le cas au Nigeria", a-t-il soutenu, assurant que le prochain président nigérian élu prêtera serment le 29 mai, conformément au délai constitutionnel.
La raison officielle du report, invoquée par l’Inec, est l’indisponibilité de forces de défense pour sécuriser le vote s’il était maintenu au 14 février, puisqu’elles sont mobilisées contre le groupe islamiste armé Boko Haram qui sévit depuis six ans dans le nord-est du pays. La guérilla de Boko Haram a fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria depuis 2009.
Critiques de la société civile
Cependant, pour l’opposition et plusieurs analystes, l’administration de Goodluck Jonathan a poussé en faveur d’un report des scrutins afin d’avoir le temps de donner un coup de fouet à la campagne du président sortant, candidat du Parti démocratique populaire (PDP), en perte de vitesse par rapport à son principal adversaire, l’ancien général Muhammadu Buhari, 72 ans, représentant du Congrès progressiste (ACP), la principale formation de l’opposition.
Le PDP s’était félicité du report du vote, le jugeant "dans l’intérêt de la démocratie", mais le chef de l’État ne s’était pas exprimé sur cette décision jusqu’à ce mercredi soir. Muhammadu Buhari a pour sa part estimé que l’INEC avait cédé à la pression du pouvoir et que son indépendance s’en retrouvait "gravement compromise". L’ajournement a aussi été critiqué par des organisations de la société civile et des pays occidentaux, dont les États-Unis.
(Avec AFP)
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