Maroc – Sahara : ce qu’il faut savoir de feu Mohamed Abdelaziz, le chef historique du Polisario
Le chef du Front Polisario Mohamed Abdelaziz, décédé mardi « des suites d’une longue maladie », était un dirigeant historique du mouvement qui lutte depuis 40 ans pour l’indépendance du Sahara occidental.
Président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD, proclamée unilatéralement par le Polisario), cet homme du désert incarnait « l’engagement sincère et ferme pour la libération » du Sahara occidental, a salué son compagnon Mohamed Keddad.
Il doit, selon des dirigeants sahraouis, être enterré dans ce que le Polisario appelle les « territoires libérés », situés derrière le mur de défense érigé par le Maroc. Le secrétariat général du Front, basé dans les camps de Tindouf, a décrété un deuil national de 40 jours.
Fils d’un militaire de l’armée marocaine
Mohamed Abdelaziz, de son vrai nom Mohamed Erguibi, est né en 1947 à Marrakech, dans une famille pro-marocaine. Son père, Khalili Erguib, fut sous-officier de l’armée royale. Seules deux de ses sœurs vivent dans les camps du Polisario : l’immense majorité du reste de sa fratrie, qui compte 13 membres, vit au Maroc. Certains d’entre eux sont même farouchement engagés en faveur du Sahara marocain. C’est notamment le cas de Mohamed Salem, président l’ONG unioniste Scouts du Sahara marocain.
L’engagement de Mohamed Abdelaziz naît à la fin des années 1960, lorsque l’étudiant en médecine rencontre à Rabat et Casablanca les premiers militants nationalistes sahraouis, qui fréquentaient alors les universités marocaines. Dans ces milieux très activistes, il fait ses premières armes en politique, avant de passer à la lutte clandestine puis ouverte.
Aux côtés de Mustapha Sayed el-Ouali, il participe à la création du front Polisario en mai 1973, et en devient rapidement un des principaux chefs militaires.
Leader du Polisario depuis 40 ans
Il organise les premiers raids contre les garnisons espagnoles. Des opérations auxquelles il participe lui-même, y compris lorsqu’il deviendra le « numéro un » sahraoui, en 1976. À cette époque, Abdelaziz abandonne donc progressivement l’anonymat militaire pour revendiquer progressivement la stature d’homme d’État, au sein du Polisario.
Un tournant se produit à la fin des années 1980. Le mouvement comprend que la solution au conflit ne peut être militaire et exprime une volonté de paix. Une première rencontre entre le Polisario et le roi Hassan II concrétise cette volonté, en janvier 1989.
En 1991, le Polisario dépose donc les armes. Depuis, le mouvement attend l’organisation d’un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU. Finalement, pour sortir de l’impasse, le Maroc dépose en 2007 un plan d’autonomie audacieux qui inscrit l’avenir du Sahara dans le cadre de la décentralisation et de l’ouverture démocratique du royaume. Depuis, c’est le statu quo.
Un traître pour Rabat
S’il était soutenu par l’Algérie – le président Abdelaziz Bouteflika a décrété un deuil de huit jours pour le décès de son protégé – le royaume marocain le présentait comme un homme ayant « trahi sa patrie », les Marocains considérant le Sahara occidental comme un territoire « reconquis » en 1975 à la suite de la Marche verte.
Mohamed Abdelaziz partageait totalement la vie des combattants ou des réfugiés sahraouis dans les camps de la région de Tindouf, dans l’extrême sud-ouest algérien.
S’exprimant avec autant d’aisance en arabe qu’en français ou en espagnol, et bien sûr dans le dialecte sahraoui hassanya, le leader sahraoui arborait une barbe en forme de bouc et portait indifféremment la longue gandoura traditionnelle bleue qu’un costume occidental, mais sa préférence allait au treillis militaire, sans galon ni distinction.
Marié à la fille d’un ancien wali de Tindouf, Khadija Hamdi (actuelle ministre de la Culture de la RASD), Mohamed Abdelaziz était le père de six enfants.
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