Finance : Mohamed Laksaci débarqué de la Banque d’Algérie

Mohamed Laksaci a été congédié du poste de gouverneur de Banque d’Algérie, la banque centrale du pays nord-africain. Il était en fonction depuis 2001. Son remplaçant est Mohamed Loukal, jusque-là PDG de la Banque extérieure d’Algérie (publique).

La patronne de la FED, Janet Yellen, en plein conciliabule avec Mohamed Laksaci et la ministre norvégienne des finances, Siv Jensen, le 16 avril 2016 à Washington. © Jose Luis Magana/AP/SIPA

La patronne de la FED, Janet Yellen, en plein conciliabule avec Mohamed Laksaci et la ministre norvégienne des finances, Siv Jensen, le 16 avril 2016 à Washington. © Jose Luis Magana/AP/SIPA

Publié le 1 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Mohamed Laksaci, qui occupait depuis 15 ans le poste de gouverneur de la Banque d’Algérie, a été écarté de ses fonctions par le Conseil des ministres réuni autour du président Abdelaziz Bouteflika, le mardi 31 mai.

Mohamed Loukal, le PDG de la Banque extérieure d’Algérie (BEA), a été choisi pour le remplacer à la tête de l’institution en charge de la régulation du secteur bancaire et de la politique monétaire du pays.

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Critiques de l’exécutif

Deux sources proches du gouvernement, citées par Reuters, indiquent que Mohamed Laksaci était critiqué et sous la pression de l’exécutif en raison de sa gestion de l’impact de la baisse des cours des hydrocarbures sur l’économie algérienne — les exportations de pétrole et de gaz représentent 60 % du budget de l’État et 97 % des exportations totales du pays.

Le 29 mars, le secrétaire général du Front de libération national (FLN), Amar Saâdani, proche de l’entourage présidentiel, avait durement mis en cause le gouverneur de la Banque d’Algérie, l’estimant responsable de la chute du dinar et de la fonte des réserves de l’État.

Fin décembre, Mohamed Laksaci s’était lui-même alarmé de la forte détérioration des finances publiques et de la fonte des réserves de changes, consécutive au recul des recettes pétrolières.

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Les réserves de change du pays ont reculé de 27,9 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année 2015 pour atteindre 151 milliards de dollars. Une baisse supplémentaire de 30 milliards est attendue cette année. Le dinar algérien a lui chuté de près de 10 % face à l’euro et de près de 18 % face au dollar américain en 2015.

Mesures de rigueur

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Face à la baisse drastique des prix du pétrole qui a débuté à la mi-2014, le gouvernement a adopté une politique de rigueur qui s’est traduite par l’augmentation des prix des carburants, la limitation des importations et l’abandon de projets d’infrastructures jugés non prioritaires.

Fin mars dernier, la Banque d’Algérie avait mis en marche une opération de refinancement des banques pour lutter contre la contraction des liquidités bancaires, consécutive à la chute des revenus pétroliers.

« Cela fait 14 ans que la Banque d’Algérie n’a pas recouru au refinancement car les banques étaient en surliquidité, précisait alors Mohamed Laksaci. Maintenant que les banques commencent réellement à recevoir leur part de choc externe, nous allons revenir à ces refinancements ».

Profil du nouveau gouverneur Mohamed Loukal

Le remplaçant de Mohamed Laksaci est Mohamed Loukal. Ce financier de formation dirigeait la Banque extérieure d’Algérie depuis 2005.

Mohamed Loukal est considéré par nombre d’observateurs comme l’architecte de la transformation de BAE (longtemps entièrement dévolue au secteur des hydrocarbures) en une véritable banque universelle, au cours de la dernière décennie. Durant cette période, son capital a été porté de 200 millions à 750 millions d’euros, puis à 934 millions d’euros fin 2013.

Son réseau a été étoffé avec l’ouverture de dix agences par an en moyenne (environ une centaine aujourd’hui) et sa clientèle a été diversifiée. Fin 2014, 70 % des ressources cette institution publique provenaient du secteur non-pétrolier.

BEA est la deuxième banque algérienne en termes de total de bilan (29,36 milliards de dollars, à la fin 2014), au coude-à-coude avec la Banque nationale d’Algérie (29,69 milliards de dollars) dans le classement des 200 premières banques africaines de Jeune Afrique, où elle apparaît au 13e rang africain (6e sur le continent, si l’on exclut les groupes sud-africains).

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