À vos fesses, prêts, mesurez !

"Découvrez le top 4 des plus gros bobarabas d’Afrique" : le titre est accrocheur. Il affole les compteurs des sites africains qui se font l’écho de ce classement des fesses les plus volumineuses. Et ce top revendique tout le sérieux qui sied au séant. Même si la tendance à pirater les articles ne permet plus d’identifier les auteurs de l’enquête, celle-ci aurait été réalisée lors de visites dans "tous les pays d’Afrique", avec un "objectif de profilage très technique" des "pistolets". Par "pistolet", entendez cette générosité symétrique des hanches qui donne l’impression qu’à l’instar de Lucky Luke, vos vêtements cachent deux armes à feu. Des armes, en Afrique, plus efficace que des "yeux revolvers"…

Second degré  ? Peut-être, mais on ne plaisante pas avec les “tassabas”. Au sommet du classement, se trouve la Ghanéenne Matilda Hipsy. Si on la présente comme "évoluant dans le showbiz", on comprend que sa notoriété repose davantage sur des positions suggestives en tenues moulantes que sur des prestations artistiques. Si les soupirants de Lily Corazon sont sans doute plus attirés par son galbe que par son "corazón", la deuxième du top aurait la tête aussi pleine que le popotin rebondi.

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La Kényane aurait fraîchement obtenu un diplôme d’avocate à l’Université de Nairobi. De quoi déstabiliser le plus hargneux des jurys d’assises. La médaille de bronze du Top 4 ne se soumet pas au diktat du "Soit ronde et tais-toi". Animatrice de télévision, la Ghanéenne Peace Hyde n’a pas sa langue dans la poche de sa jupe en cuir. Les fictions audiovisuelles lui ouvriraient déjà les bras. Quant à Tolu Toolz Oniru, la Nigériane qui occupe la place de la quatrième plus fessue d’Afrique, elle aime préciser, comme on le fait de la climatisation d’un pick-up d’occasion, que son arrière-train généreux est "d’origine". La larme à l’œil, elle précise qu’elle a hérité ces formes callipyges de sa mère.

Bien sûr, les internautes qui commentent abondamment la publication de ce top 4 doutent du caractère exhaustif de l’enquête. Sinon, comment comprendre l’absence de la fesse francophone, que celle-ci évolue en République démocratique du Congo ou au Sénégal  ? Le classement a de tout même l’intérêt d’accorder de la noblesse aux popotins généreux. Comme en témoignent certaines récipiendaires, il n’a pas toujours été facile d’assumer ses formes dans les pays européens. Mais nous voilà "entrés dans l’ère du gros derrière", titrait récemment le magazine américain "Vogue".

En juillet dernier, c’est l’hebdo français"Closer" qui osait même le classement des "10 plus belles paires de fesses de l’été 2014". Si le postérieur primé du top model brésilien Alessandra Ambrosio semblerait maigrichon au milieu d’un marché de Lagos, il n’en demeure pas moins que la glorification du fessier est présenté comme propice à la fin des déprimes, notamment à l’approche de la rentrée. Ce n’est pas trop tôt  : la croupe rebondie est synonyme de santé morale, même si l’effet des surcharges pondérales sur l’hypertension est sans doute moins réjouissant. Pourvu que les tenants de l’ordre esthétique mondial ne complexent pas désormais les fesses grêles…

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Par Damien Glez

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