Fraude au Bac : Maroc, Algérie et Tunisie déploient les grands moyens
Confrontés à des fraudes massives durant les examens du baccalauréat, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie ont durci les contrôles cette année. Mieux vaut y réfléchir deux fois avant de commettre l’irréparable.
Les pays du Maghreb ont déclaré la guerre à la triche dans les examens du baccalauréat. Et c’est l’Algérie, où ces épreuves se déroulent du 30 mai au 2 juin, qui a ouvert le bal. Le gouvernement a sévèrement mis en garde tous ceux qui tenteraient de transgresser les règles de transparence, indiquant même que des brouilleurs de télécommunications sont installés dans les salles d’examen afin d’empêcher toute tentative de triche via les téléphones portables 3G, qui ont amplifié le phénomène. À titre de prévention, les élèves ainsi que les surveillants ont été tout simplement privés de téléphones portables.
Près de 818 518 candidats algériens se sont présentés pour le bac dans l’espoir de décrocher le diplôme qui leur permettra d’accéder à l’enseignement supérieur. Les autorités ont annoncé que toute tentative de fraude coûterait à son auteur une exclusion de l’examen pouvant aller jusqu’à cinq ans. Ce qui n’a pas empêché pour autant plusieurs cas de se produire. Le 1er juin, un jour avant la fin des examens, le ministère de l’Éducation nationale a annoncé l’ouverture d’une enquête suite à des informations relayées sur les réseaux sociaux faisant état de fuites. Ce jour-là, rapporte la presse algérienne, dès 2 heures du matin, des sujets d’histoire-géographie ont commencé à circuler sur le web, et sont restés visibles durant cette journée à travers des pages Facebook intitulées « bac 2016 ». Plus difficile à détecter, certains élèves redoublent d’ingéniosité pour parvenir à leurs fins. En 2015, par exemple, une candidate avait été surprise avec une oreillette satellitaire sophistiquée en train de se faire dicter les réponses par un correspondant extérieur.
Les fraudes 2.0
Au Maroc aussi, tous les moyens sont bons pour obtenir son baccalauréat, où les cas de triche ont connu une explosion, passant de 1 009 en 2008 à 10 956 en 2015 ! Cette année, pour les épreuves qui se dérouleront du 7 au 9 juin, les candidats marocains sont désormais obligés de signer un engagement écrit où ils déclareront avoir pris connaissance des lois et règlements concernant la fraude dans les examens et des sanctions encourues : jusqu’à un an de prison ferme, en plus d’une amende comprise entre 5 000 et 10 000 dirhams.
Au Maroc, une jeune fille avait eu recours à une opération pour se faire implanter un écouteur dans l’oreille, relié à son téléphone portable !
Près de 431 934 candidats sont inscrits au Bac cette année au Maroc. Comme en Algérie, les téléphones portables et tous les appareils de transmission électronique sont interdits. Surveillance maximale des centres d’impression des épreuves écrites, création d’une cellule de surveillance des données circulant sur Internet… Le ministère de l’Éducation nationale marocain serre encore plus la vis cette année. Des équipes mobiles, équipées de détecteurs de métaux, feront des descentes inopinées dans les centres d’examen afin de contrôler les candidats. Durant la session 2014, la presse marocaine avait rapporté qu’une jeune fille avait eu recours à une opération pour se faire implanter un écouteur dans l’oreille, relié à son téléphone portable !
On serre la vis !
En Tunisie, où les examens du bac ont démarré le 1er juin et se prolongeront jusqu’au 8, c’est la même mobilisation contre la triche. Le gouvernement a relativement réduit le nombre de candidats par salle, passé de 20 à 18 et même parfois à 16, et a reconduit les brouilleurs de télécommunications dans les salles d’examen qui ont démontré leur efficacité les années précédentes. Grâce à ces brouilleurs, le nombre de fraudes est passé de 756 en 2014 à 247 en 2015.
Près de 135 613 élèves passeront le Bac cette année en Tunisie. Tout tricheur risque l’annulation de son épreuve, mais également une interdiction de se présenter à l’examen du baccalauréat pendant 5 ans. Et il peut être définitivement renvoyé de tous les établissements scolaires publics.
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