Tunisie : retour d’exil pour Belhassen Trabelsi ?

Belhassen Trabelsi, beau frère de Ben Ali, s’apprêterait à rentrer en Tunisie le 3 juin, selon le quotidien tunisien « Al Chourouk » et des sources proches de la présidence de la République.

Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali, est sous le coup d’un mandat d’arrêt international. © Fethi Belaid/AFP

Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali, est sous le coup d’un mandat d’arrêt international. © Fethi Belaid/AFP

Publié le 2 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Réfugié avec à sa famille au Québec depuis 2011, il était un hôte indésirable pour les autorités canadiennes, qui avaient bloqué ses avoirs en 2013 et rejeté en mars 2015 sa demande d’asile – accordée pourtant à sa femme et à ses quatre enfants. Alors qu’il devait être expulsé du territoire canadien le 31 mai, l’intéressé semble s’être volatilisé dans la nature. Il serait en fait en route pour la Tunisie pour intégrer le processus de réconciliation nationale.

« On ne veut pas d’un individu comme lui au Canada »

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Les autorités canadienne avaient motivé leurs refus en invoquant des « « raisons sérieuses de penser qu’il a commis des crimes de droit commun en Tunisie correspondant aux infractions de fraude, fraude envers le gouvernement et recyclage des produits de la criminalité ». Mais dès 2011, Lawrence Cannon, ministre des Affaires étrangères en poste à l’époque, avait donné le ton en déclarant : « on ne veut pas d’un individu comme lui au Canada ».

La condamnation par contumace en Tunisie de Belhassen Trabelsi à 15 ans de prison pour corruption ainsi que les 22 millions de dollars en sa possession en Suisse, dévoilés par Swiss Leaks en 2015, ont conforté la décision des juges de la Cour Fédérale, qui ont refusé de surseoir à son renvoi rendu exécutoire le 31 mai.

Une demande de régularisation ?

Entre temps, l’Agence des services frontaliers du Canada constate que Belhassen Trabelsi ne répond plus à ses convocations et a disparu du territoire canadien. En réalité, Belhassen Trabelsi, qui a échappé à la honte d’une expulsion, serait en route pour Tunis et aurait passé un accord avec les autorités tunisiennes par l’intermédiaire de ses avocats, pour intégrer le processus de réconciliation nationale et se présenter à l’Instance Vérité et Dignité (IVD) afin de répondre à ses accusateurs.

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Après le retour de Slim Chiboub, gendre de Zine el-Abidine Ben Ali, fin 2014, Belhassen Trabelsi serait la seconde figure en exil du clan de Ben Ali qui se plierait aux dispositions de la réconciliation nationale. À l’approche de la date butoir du 16 juin, au-delà de laquelle aucune demande de régularisation ne serait plus recevable par l’IVD, Belhassen Trabelsi ne serait pas le seul à avoir entamé cette démarche. Ce serait également le cas de Sakhr el-Materi, le plus jeune des gendres de Ben Ali, en exil aux Seychelles.

Le retour de cet oligarque, devenu symbole de la corruption du régime de Ben Ali, serait un test pour les autorités tunisiennes. Mais tout Tunis s’interroge déjà sur le sort réservé à Belhassen Trabelsi ; le mettront-elles directement en prison comme elles l’avaient fait avec Slim Chiboub (genre de Ben Ali) auquel elles avaient promis le contraire ? L’assigneront-elles à résidence ?

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Alors que l’opinion publique se perd en conjectures, il n’en est pas moins certain que des dirigeants politiques de partis d’opposition, comme le Front Populaire et le Courant Démocrate, profiteront de l’occasion pour se faire entendre s’ils soupçonnent que le moindre traitement de faveur a été accordé au frère de Leïla Ben Ali, épouse honnie du raïs déchu. Une affaire qui risque de faire grand bruit…

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