Les dossiers chauds du sommet de la Cedeao qui s’ouvre samedi à Dakar
La 49ème session ordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao se tiendra le samedi 4 juin à Dakar. Voici les principaux enjeux de ce sommet.
La crise politique en Guinée-Bissau
Les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) se pencheront sur la grave crise politique que traverse la Guinée-Bissau depuis la destitution, le 12 mai dernier, du gouvernement de Carlos Correia par le président José Mario Vaz. La nomination de Baciro Dja au poste de Premier ministre par le chef de l’État, le 26 mai, a déclenché la fureur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), vainqueur des élections législatives en 2014. Selon la Constitution, le choix du Premier ministre revient en effet au parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Mais le PAIGC, première formation politique du pays, a depuis perdu sa majorité parlementaire absolue de 57 sièges à la suite de la fronde de 15 députés.
Alors que Baciro Dja vient d’annoncer la composition de sa nouvelle équipe gouvernementale, les ministres du gouvernement de Carlos Correia, soutenu par le PAIGC, refusent de quitter le pouvoir et continuent d’occuper le Palais du gouvernement, à Bissau. Le blocage est donc total, le pays se retrouvant, de fait, avec deux gouvernements : l’« ancien » de Carlos Correia et le « nouveau » de Baciro Dja. Dépêchée sur place, la médiation de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) dirigée par Lancina Dosso n’a pour l’instant obtenu aucun résultat.
Les relations tendues entre le Sénégal et la Gambie
La Gambie et le Sénégal entretiennent des relations tendues depuis le début de l’année. En cause ? Le blocage de la frontière entre les deux pays pendant plus de trois mois, de mi-février à fin mai, provoqué par la décision unilatérale du président Yahya Jammeh de multiplier par cent la taxe douanière imposée aux camions sénégalais qui traversent quotidiennement son pays pour rejoindre la Casamance.
Finalement levé le 24 mai, ce blocus a laissé des traces dans les rapports déjà très complexes qu’entretiennent les deux voisins. La venue de Yahya Jammeh à Dakar est donc une des inconnues de ce sommet de la Cedeao. Interrogé le 2 juin par nos confrères de RFI, Macky Sall a indiqué qu’il ne savait pas encore si son homologue gambien serait présent. Le président sénégalais a précisé que si Jammeh venait, « nous aurons à nous expliquer comme nous l’avions du reste fait à Istanbul la dernière fois, lors du sommet de l’OCI [Organisation de la coopération islamique, le 14 avril 2016] ». Et d’ajouter : « Vous savez des voisins, parfois, ils peuvent se heurter et cela se comprend. L’essentiel, c’est que chacun comprenne les limites à ne pas dépasser ».
La succession de Macky Sall à la tête de la Cedeao
Le Sénégalais Macky Sall, président en exercice de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, va officiellement terminer son mandat d’un an à la tête de l’organisation régionale ouest-africaine lors de ce sommet à Dakar. Comme le veut l’usage, cette présidence tournante alterne chaque année entre pays francophones et pays anglophones. Le successeur de Macky Sall sera donc anglophone et devrait, selon différentes sources diplomatiques, être une femme : Ellen Johnson-Sirleaf, la présidente du Liberia.
De son côté, Macky Sall clôt un an de présidence bien remplie à la tête de la Cedeao, entre les nombreuses élections présidentielles (Guinée, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Bénin…), la tentative de coup d’État à Ouagadougou, mi-septembre 2015, ou encore l’extension de la menace terroriste à plusieurs pays ouest-africains.
La lutte contre le terrorisme toujours d’actualité
Comme d’habitude au cours des derniers sommets de la Cedeao, la lutte contre le terrorisme sera aussi au centre des discussions entre chefs d’État et de gouvernement à Dakar. Plusieurs pays ouest-africains ont été frappés par des attentats de masse ces derniers mois (Bamako le 20 novembre 2015, Ouagadougou le 15 janvier dernier, Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, le 13 mars…). Face à des commandos terroristes très mobiles qui se jouent des frontières, la coopération sécuritaire sous-régionale s’impose plus que jamais comme une urgente nécessité.
La situation sécuritaire préoccupante au Mali sera aussi probablement évoquée. Les attaques contre les Casques bleus de la Minusma ou les soldats de l’armée malienne se multiplient dans le nord et le centre du pays ces dernières semaines. Le 31 mai, une double attaque contre la Minusma a fait quatre morts à Gao. Face à cette recrudescence de la menace terroriste, Ban Ki moon, le secrétaire général de l’ONU, a récemment recommandé l’envoi de 2 500 Casques bleus supplémentaires au Mali.
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