Bouteflika vs « Le Monde » : la première audience du procès en diffamation aura lieu en juin 2017
L’explication aura lieu dans une année. La présidente de la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de Paris a fixé, ce vendredi 3 juin, pour le 20 juin 2017 la première audience du procès en diffamation intenté par le président algérien Abdelaziz Bouteflika au journal français Le Monde.
En accord avec les avocats de la défense et de la partie civile, ce procès inédit se déroulera en une heure. Les autres audiences de relais, prévues pour éviter la prescription qui est de trois mois en matière de délit de presse, sont fixées pour septembre et décembre 2018 et pour février et avril 2018.
Une plainte déposée à peine quelques heures après la publication
La présidence algérienne a chargé deux avocats parisiens de déposer une plainte pour diffamation contre la direction du journal Le Monde quelques heures à peine après la publication d’un article sur le scandale Panama Papers qui avait été illustré notamment par la photo du président Bouteflika.
Le 5 avril dernier, le quotidien du soir publiait une enquête intitulée « Panama Papers, l’argent caché des chefs d’État ». Évoquant l’implication présumée de Chakib Khelil, ex-ministre de l’Énergie entre 1999 et 2010 et ami personnel du chef de l’État algérien, dans des affaires de corruption liées au groupe pétrolier Sonatrach en Algérie et en Italie, l’article avait été illustré en première page par la photo de Bouteflika aux côtés de quatre autres dirigeants internationaux.
Des regrets qui ne suffisent pas à apaiser les autorités
Ni le coup de fil de la direction du Monde à l’ambassadeur d’Algérie à Paris, ni la lettre de « regrets » envoyée par le directeur du journal, Jérôme Fenoglio, au même ambassadeur pour évoquer « un rapprochement malencontreux » n’ont eu raison de la décision des Algériens d’attaquer en justice la publication.
Via ses avocats, le plaignant réclame, au titre de l’action publique, une condamnation du directeur du Monde à un euro symbolique ainsi qu’une publication judiciaire en première page du journal. Il demande également au tribunal de condamner le prévenu et la société éditrice à verser 10 000 euros au président Bouteflika au titre de l’action civile.
Atteinte à l’honneur et au prestige
Le gouvernement algérien estime que l’association du scandale Panama Papers avec l’image de Bouteflika a porté atteinte d’une manière gratuite à son honneur et à son prestige. « Aucun Algérien n’acceptera de voir ainsi vilipendé son président et il était du devoir du gouvernement algérien de préserver une valeur », affirmait le Premier ministre, Abdelmalek Sellal alors qu’il venait de recevoir le 10 avril son homologue français Manuel Valls en audience.
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