RDC – Kabila : les 10 gardiens du temple
Ils ont montré leur soutien indéfectible au président Joseph Kabila lors de la crise qui a enflammé la capitale fin janvier. Portrait des personnalités incontournables du pouvoir à Kinshasa.
Manifestations, répression policière, activité économique et communications à l’arrêt, cacophonie au Parlement… La fièvre qui s’est emparée de Kinshasa du 19 au 21 janvier, faisant entre 14 et 42 morts selon les sources, a donné des sueurs froides jusqu’au sommet de l’État. Car si le pouvoir avait pris ses précautions pour faire passer son projet de loi électorale controversé – le palais du Peuple, bien gardé, n’a pas été menacé -, il n’avait pas anticipé qu’un simple alinéa déclencherait pareille tempête.
Cette disposition, qui liait la tenue de la présidentielle de 2016 à un recensement à durée indéterminée (ce qui revenait à reporter l’élection sine die), a permis à l’opposition de s’unir pour mobiliser des jeunes désabusés… Une vraie victoire pour elle. Pour autant, elle n’a pas été capable de canaliser le mécontentement, ni d’empêcher les pillages. Quant à l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), du vieillissant opposant Étienne Tshisekedi, toujours en convalescence en Belgique, elle semble avoir perdu de sa capacité à rassembler, comme l’a montré l’échec de son appel à manifester le 26 janvier – il est vrai freiné par l’interdiction des SMS et des réseaux sociaux.
Mais au cours de cet épisode, qui revenait à se positionner pour ou contre la prolongation du mandat de Joseph Kabila au-delà de la limite constitutionnelle de 2016, c’est surtout la coalition au pouvoir qui s’est révélée divisée. Plusieurs de ses leaders, que les postes ministériels n’ont pas suffi à amadouer, ont pris leurs distances avec le projet, comme Pierre Lumbi, Olivier Kamitatu et, surtout, le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, qui s’est félicité que sa chambre ait "écouté la rue" en votant contre le fameux alinéa.
"Faucons" kabilistes
En revanche, face à cette épreuve, les "faucons" kabilistes se sont serré les coudes, jusqu’à ce que le bureau du président, qui a vu défiler diplomates inquiets et membres du clan familial, ordonne de lâcher du lest le 24 janvier. Ce sont eux, aussi, qui tiennent l’appareil sécuritaire, lequel s’est révélé d’une cohésion implacable.
Ces fidèles n’ont pas tous la même influence sur le chef. Mais ils ont en commun la conviction que le pays ne peut, ou ne doit, être dirigé par un autre.
Ces fidèles, dont nous dressons le portrait, n’ont certes pas tous la même influence sur le chef. Certains ont à coeur de l’aider coûte que coûte, d’autres s’inquiètent pour leur sécurité (judiciaire, économique ou même physique) s’il venait à quitter le pouvoir, tandis que les derniers agissent par courtisanerie. Une chose est sûre : ils ont en commun la conviction que le pays ne peut, ou ne doit, être dirigé par un autre.
La garde rapprochée de Kabila a encore bien des cartes en main pour repousser l’échéance de 2016 : des élections locales intermédiaires, complexes et non financées, qui pourraient être retardées ; un redécoupage des provinces qui ne manquera pas de susciter des mécontentements ; et la réactivation du fameux recensement préalable, dont il reste une trace dans l’article 115 de la loi électorale. Ne rien faire pourrait finalement suffire au clan pour obtenir ce qu’il souhaite. L’opposition appelle donc à la vigilance. Mais lutter contre une accumulation de petits retards sera une autre paire de manches.
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