Centrafrique : reprise officielle de l’exportation de diamants

L’export d’un stock de 3 703 carats (environ un kilo de diamant) signera la reprise officielle des exportations quasiment un an après la levée d’un embargo international en vigueur entre 2013 à 2015 — quoique très difficilement contrôlable sur le terrain — , selon le ministre des Mines cité par Reuters lundi.

Le diamant centrafricain à la recherche d’une nouvelle légitimité. © Issouf Sanogo/AFP

Le diamant centrafricain à la recherche d’une nouvelle légitimité. © Issouf Sanogo/AFP

Publié le 6 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Les exports de diamants, qui officiellement ont cessé depuis le renversement du président François Bozizé en mars 2013, vont effectivement reprendre en Centrafrique, a indiqué lundi 6 juin Leopold Mboli Fatrane, le ministre des Mines du nouveau gouvernement de Faustin-Archange Touadéra.

Une première expédition de 3 703 carats — contre une moyenne annuelle d’environ 300 000 carats par an avant la crise — est prévue après vérification par les services du gouvernement, rapporte Reuters, sans toutefois mentionner de calendrier.

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Levée partielle d’abord appliquée à Berbérati

La levée partielle de l’embargo — décidé par le système international de certification des diamants (SCPK, processus de Kimberley) en mai 2013 jusqu’en juillet 2015 —s’appliquera dans un premier temps pour les diamants extraits dans la région de Berbérati au sud-ouest, a indiqué le ministre.

« Comme vous le savez, nous devons suivre certaines règles qui sont imposées par le Processus de Kimberley. Nous devons distinguer les diamants dits du sang de ceux qui ne le sont pas », a dit Leopold Mboli Fatrane.

Pour éviter les « diamants de sang », qui exige notamment que les mines du pays producteur ne soient pas sous la coupe de groupes armés et que l’administration contrôle les zones de production, le Processus de Kimberley a été mis sur pied en 2000. Il regroupe pays producteurs, pays acheteurs, industriels et représentants de la société civile.

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Les experts de la certification ont estimé en mars 2013 que la prise du pouvoir par l’ex-rébellion Séléka à majorité musulmane et l’occupation des mines par ses éléments étaient un danger.

Un embargo difficilement applicable

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Un embargo qui a nourri la contrebande, dans un pays où l’administration est très faible. De source proche du milieu, interrogée par l’AFP, il existe une filière camerounaise pour les diamants du Sud, et des filières soudanaise et tchadienne pour ceux du Nord.

Ainsi, le processus de Kimberley notait lui-même que l’embargo souffrait des lacunes sérieuses puisque « des expéditions internationales de diamants d’origine centrafricaine ont eu lieu », selon le communiqué publié après une réunion des 9 au 12 juin 2014.

Le 20 août 2015, les Nations unies ont mis sur liste noire le bureau d’achat de diamants en Centrafrique (Badica), un des principaux négociants de diamants du pays, et sa filiale belge Kardiam, « pour avoir fourni du soutien à des groupes armés, nommément la Séléka et les anti-balaka », selon la décision rendue par le Conseil de sécurité.

En septembre, Amnesty International estimait qu’« il y a un fort risque » que le principal négociant du pays, Sodiam, ait amassé pendant le conflit quelque 60 000 carats de diamants, d’une valeur de 7 millions de dollars, ayant servi à financer les milices chrétiennes anti-balaka.

Diamants en Centrafrique

Selon les dernières données du Processus de Kimberley disponibles pour la Centrafrique,  365 916 carats de diamants centrafricains ont été produits en 2012, d’une valeur de 62 millions de dollars. Cette même année, 371 916 carats ont été exportés depuis le pays.

Les diamants de Centrafrique sont célèbres, notamment en raison de « l’affaire des diamants » qui avait entaché en 1979 la présidence française de Valéry Giscard d’Estaing, accusé d’avoir reçu des diamants de la part du fantasque empereur Jean-Bedel Bokassa, au pouvoir de 1966 à 1979.

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