L’Algérie met fin au départ à la retraite sans condition d’âge

Le départ à la retraite au bout de 32 ans d’activité sans condition d’âge, une des principales règles de fonctionnement en Algérie qui concerne 15% des allocataires actuels, va être revu, a annoncé dimanche le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Le départ à la retraite à 60 ans serait rendu obligatoire.

Centre commercial Ardis à Alger. Les produits alimentaires bénéficient de subventions en Algérie. Elles ont été revues dans le cadre de la limitation des dépenses de l’État. © Omar Sefouane pour Jeune Afrique

Centre commercial Ardis à Alger. Les produits alimentaires bénéficient de subventions en Algérie. Elles ont été revues dans le cadre de la limitation des dépenses de l’État. © Omar Sefouane pour Jeune Afrique

Publié le 7 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Prise dans le tourbillon de la chute des hydrocarbures, l’Algérie tente de sauver ses finances publiques qui ne cessent de s’amenuiser avec la baisse des revenus pétroliers. La 19e tripartite qui s’est tenue dimanche 5 mai à Alger répondait ainsi à la volonté du gouvernement de « chercher la croissance en dehors du secteur des hydrocarbures ».

La réunion rassemblait le gouvernement, les syndicats et le patronat. Trois dossiers ont été examinés : le nouveau modèle économique pour 2016-2019, l’évaluation du pacte économique et social et le réajustement du système de retraite.

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Durcissement du régime d’assurance vieillesse

Sur ce dernier point, un nouveau projet de loi modifiant l’ordonnance 97-13 (de mai 1997) instituant le départ à la retraite sans condition d’âge a ainsi été annoncé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors de la séance de clôture de la tripartite.

« Une commission sera mise sur pied pour élaborer ce projet de loi qui fixe l’âge de départ à la retraite à 60 ans par souci d’équité et de préservation des capacités de la Caisse nationale des retraites (CNR) » a précisé le Premier ministre.

Dans un communiqué publié à l’issue de la tripartite, les participants justifient cette décision par « les conditions actuelles [qui] ne permettent plus le maintien du départ à la retraite sans condition d’âge ».

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« Son maintien entraîne des conséquences dommageables aussi bien aux équilibres financiers de la Caisse nationale de retraite (CNR) qu’à l’outil de production qui enregistre chaque année d’importantes déperditions au niveau de ses ressources humaines » est-il écrit.

Règles en vigueur

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Dans le système en vigueur, toute personne ayant cumulé trente-deux années d’activité peut, s’il en fait la demande, partir à la retraite sans attendre l’âge de départ légal de 60 ans. Selon les chiffres de la Caisse nationale de retraite, 246 503 Algériens bénéficiaient de cette retraite sans condition d’âge, sur un total de 1 740 281 allocataires au 31 décembre 2015.

« La CNR verse, chaque année, 770 milliards de dinars [NDLR environ 6 milliards d’euros] sous forme de pensions à environ 1,6 million de retraités, dont plus de 50% ont quitté leur emploi avant l’âge de 60 ans », informait le DG de la sécurité sociale au ministère du Travail, Djawad Bourkaib, à l’occasion d’une intervention à la radio algérienne.

Ainsi, l’assurance vieillesse algérienne prévoit d’autres exceptions au départ à 60 ans, comme les personnes âgées de plus de 50 ans avec 20 ans d’activité qui peuvent bénéficier d’une « retraite proportionnelle », ou les femmes qui peuvent faire la demande de leur retraite à 55 ans. Le montant de la pension de retraite en Algérie ne peut être inférieur à 75% du salaire national minimum garanti (18 000 dinars par mois depuis le 1er janvier 2012, soit 143 euros).

La réforme du régime des retraites s’inscrit dans la « politique de rationalisation des dépenses » contenue dans la loi de finances 2016 qui s’est déjà traduite par l’instauration de licences d’importations et l’augmentation des prix des carburants, de l’électricité et du gaz.

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