« Téléramadan », la revue qui dynamite les amalgames et les préjugés sur l’islam

Au premier jour du Ramadan 2016 en France est né Téléramadan, une nouvelle revue qui veut raconter l’islam, loin des clichés et des polémiques. « Parce qu’on la raconte beaucoup trop à la place de ceux qui la vivent vraiment. »

Le rappeur Médine, dans le premier numéro de Téléramadan. © Wikimedia Commons/MonsieurNas

Le rappeur Médine, dans le premier numéro de Téléramadan. © Wikimedia Commons/MonsieurNas

Publié le 8 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Fondée par Mouloud Achour, ancien chroniqueur de Canal+ et père de la plateforme Clique.tv, Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah (jeunes journalistes et auteurs formant le duo « Kids »), le premier numéro de la revue culturelle et d’idées Téléramadan a vu le jour le 6 juin. Elle sortira une fois par an, et se vend en ligne au prix de 10 euros.

Le « Grand Remplacement », c’est maintenant !

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Partie d’une blague, l’idée de ce projet est devenue plus sérieuse au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris. En réponse au pot-pourri d’actualités, de préjugés et de débats nauséabonds qui ont suivi cet événement, Téléramadan se pose en porte-plume et parole d’une génération qui ne se reconnaît pas dans les médias français. La fleur au fusil. Et au lieu d’exprimer de la colère et de la frustration, la revue fait la part belle aux talents, aux idées et à l’humour.

Pendant le mois saint de l’islam, en France, « dans le salon ou dans la cuisine, la télévision est allumée et souvent, elle ne parle pas vraiment du Ramadan, ni de ceux qui le font », constate le trio. Et en créant sa propre maison d’édition appelée « Les éditions du Grand Remplacement », il compte donner leur chance à de jeunes (ou moins jeunes) talents, musulmans ou pas, en publiant des romans, des essais ou des poésies au cours de l’année. Comme un pied de nez à la théorie du « Grand Remplacement », inventée par l’écrivain Renaud Camus et reprise par des membres de l’extrême droite, qui prophétise benoîtement l’invasion de la France « de souche » par des populations principalement venues d’Afrique.

Nous voulons grand-remplacer le désespoir par un idéal : l’écoute et la réflexion

« Il est temps de grand-remplacer ce présent qui nous oppresse, qui nous divise. Nous voulons grand-remplacer le désespoir par un idéal : l’écoute et la réflexion », clame avec humour le premier édito de la revue, ajoutant que la démarche se veut plus politique que militante.

Au cœur de la religion, sous toutes ses coutures

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Et les idées ne manquent pas dans l’épaisse revue de 112 pages, à la une pourtant minimaliste. Au sommaire : reportages, portraits, interviews, tribunes, romans-photos ou encore recettes de cuisines. Et pour cette première publication ramadanesque, les histoires en tous genres sont nombreuses, avec des invités comme le photographe Raymond Depardon, l’écrivaine Faïza Guène, la réalisatrice Maïwenn Le Besco, le rappeur Médine ou encore la présentatrice culinaire Choumicha. On y découvre aussi la façon dont les migrants musulmans vivent leur religion à Calais, le voyage éprouvant d’une mère de famille du Maroc vers la France, et les questions autour du couple pendant Ramadan…

Lancement de la première édition de la revue Téléramadan, le 6 juin 2016. © Instagram/Mouloud Achour

Lancement de la première édition de la revue Téléramadan, le 6 juin 2016. © Instagram/Mouloud Achour

À travers cette ligne éditoriale, Mouloud Achour, Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah prônent une communauté intellectuelle et idéaliste plutôt que religieuse : « Nous revendiquons le ‘nous’ parce qu’il n’est pas une porte fermée, mais une porte ouverte à tous ceux qui voudront bien entrer et danser avec nous. » Et de conclure, ou plutôt de d’introduire avec humour et poésie : « Laissez-nous la naïveté de dire qu’on est les potes de personne, mais les frères de tout le monde. Bismillah. »

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