RD Congo : Kinshasa présente un bilan officiel de l’opération Likofi contre les Kuluna

Les autorités congolaises ont présenté mardi le rapport sur le bilan officiel de l’opération antibanditisme Likofi (« coup de poing » en lingala), menée à Kinshasa entre novembre 2013 et février 2014, refusant de révéler le nombre de morts et portés disparus.

Des policiers congolais armés patrouillent dans les rues de la capitale Kinshasa pendant les élections générales, le 10 décembre 2011. © Jerome Delay/AP/SIPA

Des policiers congolais armés patrouillent dans les rues de la capitale Kinshasa pendant les élections générales, le 10 décembre 2011. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 8 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

« Nous ne pouvons, en aucun cas, brandir le nombre de morts au titre de trophée pour une opération réalisée avec professionnalisme », a déclaré le 7 juin le ministre congolais de l’Intérieur, Évariste Boshab, lors de la présentation du rapport de l’opération Likofi, lancée par la police de Kinshasa en novembre 2013 afin de mettre un terme aux agissement des groupes délinquants armés, appelés « Kuluna », au risque de commettre des bavures et de créer la polémique en RDC.

La police prévoit une autre opération

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« Cette opération, qui avait pour objectif de mettre au pas les Kuluna, les membres des bandes criminelles, a été émaillée de quelques accros », a-t-il concédé. Mais, »la cruauté des Kuluna n’a pas de commune mesure. Les Kuluna défient l’autorité de l’État, constituent une véritable menace à la paix sociale, sèment la désolation », a-t-il ajouté.

À ce titre, le ministre de l’Intérieur a annoncé que « le gouvernement a chargé mardi la police de monter rapidement une nouvelle opération contre les gangs armés dans le strict respect des principes cardinaux de la nouvelle doctrine de la police de proximité ». « Cette décision a été prise face à la résurgence des agressions dues aux Kuluna, face aux pleurs de la population, face aux chantages de quelques ONG financées par l’étranger », a-t-il expliqué.

Au moins 51 morts, selon HRW

« Des policiers de la RDC ont abattu au moins 51 hommes jeunes et garçons et fait disparaître de force 33 autres dans le cadre de cette opération de police brutale », a déclaré à l’AFP Ida Sawyer, de Human Rights Watch (HRW), rappelant les chiffres révélés dans un rapport par l’ONG américaine, le 18 novembre 2014. « Les autorités congolaises devraient veiller à ce que les principaux responsables des violences fassent l’objet d’une enquête (…) y compris le commandant de l’opération, le général Célestin Kanyama« , a-t-elle ajouté.

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Plusieurs familles se sont plaintes que leurs fils ont été enlevés par l’équipe du général Célestin Kanyama (à l’époque colonel) et ne sont jamais rentrés. « Les familles continuent à les réclamer jusqu’aujourd’hui », a déclaré Dolly Ibefo, directeur de La voix des sans voix, l’une des principales ONG congolaises de défense des droits de l’Homme.

Un habitant de Kinshasa, Michel Soki, a témoigné auprès de l’AFP que son neveu a été abattu gratuitement le 22 novembre 2013, et son corps a disparu. « Il y a effectivement un problème d’insécurité à Kinshasa mais l’État ne peut pas tuer les gens sommairement », a-t-il dit.

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Le représentant de l’ONU renvoyé

Selon un rapport de l’ONU publié en octobre 2014, au moins 41 personnes ont été tuées ou ont disparu du fait de l’action de policiers lors de ce grand coup de filet. La réaction de Kinshasa à ces chiffres a d’abord été d’expulser le chef du Bureau de l’ONU aux droits de l’Homme en RDC, puis de crier au lynchage médiatique, avant de faire part de sa volonté de continuer d’enquêter pour s’assurer qu’aucune bavure policière commise pendant l’opération ne reste impunie.

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