Centrafrique : que faire face au retour de Noureddine Adam ?
Le retour en Centrafrique de Noureddine Adam, l’ancien numéro deux de la Séléka, a provoqué un début de polémique.
Les mois passent, les autorités changent et le problème reste le même, sans solution : que faire d’un homme dont les supposés crimes demanderaient qu’il soit mis hors d’état de nuire, mais dont l’arrestation pourrait paradoxalement mettre en péril la fragile stabilité d’un pays encore très vulnérable ?
Alors qu’il séjournait à N’Djamena depuis plusieurs semaines, Noureddine Adam a choisi de revenir en Centrafrique, au moment où son influence sur l’ex-rébellion Séléka déclinait. Dans la nuit du 24 au 25 avril, l’ancien numéro deux de la Séléka a regagné Ndélé (Nord de la RCA) avant de rejoindre son village natal pour y passer la période du ramadan.
Inscrit sur la liste des personnes sous sanctions de l’ONU, ses avoirs sont gelés et il est, en théorie, interdit de voyager.
Ambitions intactes
« Nouredine Adam est rentré pour deux raisons : d’abord parce que les Tchadiens n’en veulent plus. Ensuite parce qu’il a pour ambition de refaire l’unité de la Séléka », explique une source diplomatique d’un pays d’Afrique centrale. Peu de temps avant qu’il ne refasse surface en RCA, un étrange communiqué évoquant une possible réunification des différentes composantes de cette ancienne coalition rebelle – l’UPC d’Ali Darassa, le FPRC de Noureddine Adam, le RPRC de Joseph Zoundeko ou le MPC de Mahmat Al Katim – avait circulé.
Il n’en est rien. Selon nos informations, si le FPRC et le RPRC ont bien tenté de ramener à eux les deux autres groupes, ces derniers ont refusé. « L’UPC et le MPC sont les deux entités les plus fortes militairement. Elles ont compris qu’elles n’avaient aucun intérêt à se railler à Noureddine Adam », précise une source sécuritaire française. Récemment, des heurts entre le MPC et le FPRC ont d’ailleurs poussé les hommes d’Adam à se replier sur Ndélé et Birao (Extrême-Nord).
Même en difficulté, l’homme, rugueux et taiseux, garde une certaine capacité de nuisance. Ses connexions dans les pays du Golfe lui permettent notamment de disposer d’une assise financière importante. Alors que le retrait de la force Sangaris est prévu pour la fin de l’année, sa présence inquiète.
Et maintenant ?
Problème : quand vient le moment d’aborder la question de sa possible arrestation, tout le monde botte en touche.
Interrogé par la presse centrafricaine le 3 juin, le représentant spécial du secrétaire générale des Nations unies, Parfait Onanga Anyanga, a déclaré que « l’arrestation de Noureddine dépendra des décisions de la justice centrafricaine. Toutefois, si des mandats d’arrêts sont portés à la connaissance de la Minusca, des mesures seront prises ».
Les chances de voir un mandat d’arrêt émis dans les prochains jours sont apparemment minces. À l’heure actuelle, les autorités centrafricaines ne semblent pas avoir intérêt à précipiter la chute du rebelle aux allures de seigneur de guerre. Après avoir procédé à des consultations avec les différentes factions, le président Faustin-Archange Touadéra vient tout juste de former une structure chargée de gérer la question du processus de Désarmement, démobilisation, réinsertion, rapatriement (DDRR). Il compte se montrer ferme tout en associant d’anciens rebelles à la gestion du pays. Une dangereuse politique de l’équilibriste que l’arrestation d’un des chefs rebelles les plus emblématiques pourrait compromettre.
Noureddine Adam bénéficie en outre du soutien du sultan de N’délé, Ibrahim Senoussi Kamoun, autorité morale de la ville dont il est également maire. Quelques jours après son retour, en 2015, une équipe de l’ONU basée à Kaga-Bandoro était allée à sa rencontre. Le chef rebelle les avait reçu au domicile du sultan. Devant les militaires onusiens, Adam s’était voulu conciliant. Il avait déclaré n’avoir aucune intention de relancer la guerre mais qu’il continuerait à protester contre l’exclusion des musulmans. Assis à ses côtés, le sultan avait acquiescé.
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