Côte d’Ivoire : inquiétudes redoublées autour de la qualité des fèves de cacao

Les exportateurs rejettent à peu près la moitié des cargaisons de cacao arrivées aux ports de la Côte d’Ivoire, invoquant une qualité insuffisante. Une situation qui pourrait aggraver les craintes de déficit de la production cacaoyère mondiale, estimé déjà à 180 000 tonnes cette année.

La Côte d’Ivoire est le 1er producteur mondial de cacao. © Philippe Guionie/Myop pour Jeune Afrique

La Côte d’Ivoire est le 1er producteur mondial de cacao. © Philippe Guionie/Myop pour Jeune Afrique

Publié le 9 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Les rejets sont dus aux niveaux élevés d’acides gras des fèves et de leur petite taille, selon les exportateurs et les négociants de cacao en Côte d’Ivoire. Ils ajoutant que les agriculteurs ont également du mal à faire sécher les fèves en raison des fortes pluies enregistrées récemment dans le pays.

La taille des fèves est déterminée à partir du nombre de fèves dans 100 grammes de graines de cacao, plus ce nombre est élevé, plus les fèves sont de petite taille.

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Le Conseil café-cacao (CCC), régulateur du secteur en Côte d’Ivoire, a fixé un plafond de 120 fèves par 100 grammes pour les cargaisons destinés à l’exportation durant la période avril-septembre. Mais les exportateurs indiquent un décompte moyen de 125 à 160 fèves pour 100 grammes.

La moitié des fèves rejetées

« Nous recevons du cacao, mais 50 % des fèves sont rejetées après analyse en raison d’un nombre de fèves en dehors des normes et d’un niveau d’acides gras libres (AGL) [un indice de qualité, ndlr] au-dessus des taux acceptés », a déclaré le directeur des achats d’un exportateur basé à San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire.

Les petites fèves contiennent moins de beurre de cacao, l’ingrédient qui confère au chocolat sa texture, tandis que les acides gras libres érodent la qualité du beurre.

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La baisse de la qualité des fèves tient, selon les experts, à une longue saison sèche et à un harmattan particulièrement dur au cours d’une période critique pour le développement de la récolte de mi-saison.

Les pluies sont en hausse, mais il est probable qu’il faille des semaines voire des mois avant qu’elles n’aient un impact sur la qualité des fèves.

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« Pour le moment, nous ne voyons pas d’amélioration de la qualité. Nous espérons que les pluies récentes vont changer ça … Mais cela pourrait ne pas arriver avant juillet, août ou septembre. Il est difficile de savoir », a déclaré Ali Lakiss, directeur général de SAF Cacao, un autre exportateur basé à San-Pedro.

Conditions de transport difficiles

Alors que les récentes pluies ont offert un certain répit aux agriculteurs, elles présentent aussi un inconvénient.

Les négociants chargés d’acheter les fèves directement auprès des agriculteurs et de les transporter aux exportateurs dans les ports se sont plaints que les pluies aient rendu difficile pour les planteurs de sécher et de fermenter leurs fèves.

« Il faut plus de temps (pour préparer les fèves) et pour un résultat d’une qualité est moyenne. Non seulement les fèves sont petites, mais maintenant elles sont aussi moisies et fragiles », explique Badara Kanté, un acheteur basé dans la ville de Meagui, dans le sud-ouest de la Cöte d’Ivoire.

Les pluies ont également endommagé les pistes de terre reliant de nombreuses plantations vers les principales routes dans l’ouest ivoirien, cœur de la production de cacao dans le pays, augmentant ainsi les temps de transport des plantations au port, ce qui induit une nouvelle détérioration de la qualité des fèves.

«Lorsque nous achetons auprès des agriculteurs, la qualité est déjà mauvaise… Il est vraiment difficile de trouver un bon cacao actuellement. Cette année, c’est vraiment compliqué», se désole Ibrahim Coulibaly, un acheteur basé dans la ville de Soubré, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire.

(Traduit d’un article de The Africa Report, publication du groupe Jeune Afrique)

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