L’argent des Africains : Abderrafie, assistant de notaire au Maroc – 868 euros
Abderrafie, 51 ans, est assistant de notaire au Maroc. Pour ce nouveau volet de la série l’argent des Africains, ce père de famille pragmatique nous dit tout sur ses dépenses mensuelles.
Entré dans le notariat en 1989, Abderrafie est un pro de l’administration. « Il est indispensable », commente la notaire avec qui il travaille depuis une vingtaine d’années. Et de poursuivre : « Dans les administrations, tout le monde l’apprécie pour sa courtoisie et sa transparence. »
Les compétences et l’ancienneté d’Abderrafie lui valent ainsi un salaire de 8000 dirhams (731 euros) par mois, ce qu’il juge lui-même plutôt élevé par rapport à celui d’autres assistants de notaire au Maroc.
Logement : 92 euros
Côté logement, Abderrafie s’estime aussi chanceux. Habitant un appartement dans le quartier idéalement situé de Diour Jamaa à Rabat, son loyer s’élève à 92 euros. Une somme modique qu’il qualifie de « symbolique » : le logement se trouve dans un vieil immeuble dont le propriétaire a gracieusement offert de conserver le prix que les parents d’Abderrafie payaient lorsque ceux-ci y habitaient eux-mêmes, il y a des années de cela.
Abderrafie possède également un appartement dans la ville voisine de Salé, qu’il loue à 137 euros, une somme qui vient donc s’ajouter à ses revenus mais servant surtout à payer la traite de cette propriété (73 euros).
Transport, factures et dépenses diverses : 346 euros
Les dépenses du quotidien, il les partage avec sa femme qui exerce le métier de styliste-modéliste. À deux, ils réussissent à subvenir aux besoins de leurs trois filles de 4, 9 et 13 ans. « On partage les dépenses », souligne Abderrafie.
Il est en charge de payer les factures. Le téléphone et internet lui coûtent 36 euros, tandis que l’eau et l’électricité lui reviennent à environ 54 euros par mois. « En hiver, la facture est plus salée, à cause du chauffe-eau », commente Abderrafie.
Pour ce qui est des transports, Abderrafie possède une voiture pour laquelle il paie une traite de 146 euros par mois depuis trois ans. Le véhicule servant également pour ses déplacements professionnels, l’étude notariale en paie la vignette et l’assurance, et contribue parfois aux frais de carburant. Lui-même débourse entre 73 et 92 euros chaque mois pour son essence.
À ces dépenses s’ajoutent des montants divers (gardiennage de voiture, syndicat de l’immeuble, etc) atteignant environ 18 euros.
Alimentation : 133 euros
Abderrafie fait les courses lui-même, pour environ 133 euros par mois. Pour ce mois de ramadan, la facture grimpe : « Paradoxalement, ramadan nous revient plus cher même si on ne fait qu’un repas par jour », précise Abderrafie. En effet, durant cette période, les prix flambent dans les supermarchés.
Il poursuit : « Comme pour la plupart des familles marocaines, la table du ftour [le repas de rupture du jeûne, NDLR] est copieuse chez nous ». Faire les courses à jeun n’est pas le meilleur moyen de faire des économies, surtout en été, quand les jus de fruits exotiques viennent remplacer les soupes et potages hivernaux !
Pour la cuisine, c’est une aide ménagère qui est aux fourneaux. La famille d’Abderrafie loge la jeune femme venue s’installer à Rabat pour ses études, et lui verse 92 euros par mois en échange de ses services.
Loisirs et sorties en famille : 92 euros
Abderrafie dépense environ 23 euros par weekend, généralement pour manger dehors avec sa famille : ses filles raffolent de pizzas, de paninis, et de tacos « enfin, c’est un grand mot, disons plutôt des tacos à la marocaine! », s’amuse Abderrafie.
Le papa gâteau préfère donc rester avec sa femme et ses enfants et avoue fuir les mondanités. « On reçoit occasionnellement, mais on est tellement bien entre nous! ». D’ailleurs, dès qu’il en a la possibilité, Abderrafie essaie d’emmener ses filles passer quelques jours sur les plages du nord du Maroc.
Besoins des enfants : 41 euros
En dehors des loisirs, c’est principalement la femme de Abderrafie qui se charge des dépenses liées aux enfants, même s’il contribue à hauteur de 41 euros par mois aux frais de fournitures, qui ne cessent d’augmenter au fil des années scolaires.
En cas d’imprévus, le père de famille préfère rester à la maison pour rééquilibrer la balance. Ses filles ne se plaignent pas quand Abderrafie leur explique qu’ils doivent réduire les dépenses superflues. « Elles sont conscientes que leur mère et moi travaillons dur, et qu’elles n’ont pas à comparer mes revenus à ceux des autres parents ».
Pas d’épargne, mais pas de dettes non plus
Ne pas vivre au-dessus de ses moyens, c’est le motto d’Abderrafie. S’il n’épargne pas, il n’a pas de crédits non plus. Entre l’épicier du coin qui accepte d’être payé « plus tard » et les banquiers souvent généreux à outrance, il est facile de tomber dans l’engrenage de l’endettement.
Mais Abderrafie, pas flambeur pour un sou, préfère vivre simplement. « Moi je vis au jour le jour, mais je vis bien – tout est une question de bonne gestion ! »
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