AfricaRice s’inquiète des importations de riz « impropre à la consommation » en Afrique
Le Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice), une institution multilatérale basée à Abidjan, met en garde les pays africains face à la mauvaise qualité du riz importé, dans un communiqué publié le 7 juin sur son site.
L’Africa Rice Center (Centre du riz pour l’Afrique – AfricaRice), une institution panafricaine de lutte pour la sécurité alimentaire et la rentabilité du secteur rizicole en Afrique « appelle à la vigilance » en ce qui concerne les importations massives de riz en provenance d’Asie, qui pourrait être impropre à la consommation.
Les normes de production et de conservation de cette denrée parmi les plus consommées sur le continent africain, auraient des conséquences néfastes sur les populations.
Un riz dangereux pour la santé
AfricaRice souhaite « avertir ses États membres qu’il a récemment reçu des informations crédibles sur les plans de la Thaïlande d’exporter en mai et juin 2016 11,4 millions de tonnes de riz des stocks du gouvernement. Bien qu’il puisse paraître irréaliste d’exporter 11,4 millions de tonnes pendant deux mois seulement, il s’agit là d’une véritable épée de Damoclès au-dessus du secteur rizicole en Afrique, puisque l’Afrique pourrait être utilisé encore comme un dépotoir si l’on n’y prend pas garde. »
Les craintes d’AfricaRice concernent à la fois la qualité de ces denrées et l’effet de ses importations massives sur les producteurs africains.
Craintes sur la qualité
Les chercheurs de l’institution panafricaine constatent que certains pays asiatiques enverraient en Afrique du riz de qualité « inférieure à la normale », à destination d’un marché qualifié de « peu exigeant ». En termes de santé publique, le riz prévu à l’exportation serait conservé pendant de longues durées à l’aide de produits chimiques dangereux pour les consommateurs.
« Au Sénégal, en particulier, la police nationale a saisi récemment 22 690 tonnes correspondant à une valeur de six milliards de F CFA (10,3 millions de dollars) de brisure de riz indien impropre à la consommation humaine», rapporte AfricaRice qui exhorte les ministres des États africains et leurs partenaires à prendre des mesures afin de réguler ce marché.
Menaces sur l’objectif d’autosuffisance en riz pour l’Afrique
AfricaRice précise en outre que le taux du prix du riz sur le marché mondial est en hausse. Compte-tenu des prévisions d’importations massives de cette céréale en provenance de Thaïlande, « la balance commerciale de l’Afrique sera défavorablement affectée ».
Participant activement aux objectifs d’autosuffisance en riz pour l’Afrique à travers plusieurs centres répartis sur le continent, AfricaRice appelle les pays africains à privilégier le riz local, malgré son coût plus élevé. « Le dumping de ces quantités massives de riz sur le marché du riz en Afrique va décourager la production et la vente du riz local », explique l’ONG qui met en garde face à un effet « contreproductif à l’objectif d’autosuffisance en riz ».
À titre illustratif : le président Macky Sall annonçait début 2015 son intention ferme de mener le Sénégal, qui consomme environ 1,5 million de tonnes de riz chaque année, à l’autosuffisance dans cette denrée en 2017.
Mais selon les chiffres de l’Organisation mondiale du commerce, en 2015, environ 1 285 735 tonnes de riz ont été importées au Sénégal, soit le plus haut niveau atteint depuis 2011. En 2013, le ministère sénégalais de l’Économie annonçait un déficit de 16 % de la balance commerciale du Sénégal dû aux seules importations de riz.
Recommandations
En réponse à cette menace sur les balances commerciales des pays africains, l’institution basée à Abidjan recommande aux agences gouvernementales du continent d’être plus exigeantes quant aux normes de qualité du riz importé, tout en adoptant des mesures afin d’encourager la compétitivité du riz produit localement.
En 2015, les pays africains ont importé 11 millions de tonnes de riz, le Sénégal se classant au premier rang, devant l’Afrique du Sid (1 million de tonnes), le Bénin (977 000), la Côte d’Ivoire (964 000) et le Nigeria (783 000).
Fondée en 1971, AfricaRice rassemble 25 pays africains. Outre son siège d’Abidjan, l’institution compte des équipes de recherche au Bénin, au Ghana, au Liberia, à Madagascar, au Nigeria, au Sénégal, en Sierra Leone et en Tanzanie.
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