Niger : Diffa sous le feu de Boko Haram, l’état d’urgence proclamé

Le Niger a proclamé mardi l’état d’urgence dans la région de Diffa (Sud-Est). Cette région frontalière du Nigeria est sous le feu de Boko Haram depuis cinq jours, poussant la population à fuir en masse par crainte de nouvelles attaques.

Des réfugiés nigérians photographiés à Maïné-Soroa, dans la région de Diffa, en avril 2014. © AFP

Des réfugiés nigérians photographiés à Maïné-Soroa, dans la région de Diffa, en avril 2014. © AFP

Publié le 11 février 2015 Lecture : 2 minutes.

L’état d’urgence, à quoi ça sert ?

Diffa, capitale provinciale située à quelques kilomètres du Nigeria, a été attaquée quatre fois en quatre jours par des combattants du groupe terroriste nigérian Boko Haram entre vendredi et lundi. Face à ces attaques à répétition, le gouvernement nigérien, réuni en conseil des ministres extraordinaire, a proclamé l’état d’urgence dans la région de Diffa pour quinze jours à compter du mardi 10 janvier à minuit. Cette mesure accordera des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui "d’ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit", indique un communiqué gouvernemental lu à la radio nationale.

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Environ 3 000 militaires nigériens sont déjà déployés dans la région. Ils sont épaulés par plus de 2 000 Tchadiens. Des contrôles de sécurité renforcés et des fouilles ont été mis en place à toutes les entrées de la ville de Diffa. Les forces de sécurité se montrent particulièrement vigilantes sur les engins à deux roues, utilisés par les combattants de Boko Haram pour mener leurs attaques, et qui sont désormais interdites dans la ville.

La crainte des cellules dormantes et des attentats

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D’après les experts, Boko Haram dispose de "cellules dormantes" au Niger. Un rapport militaire nigérien donné à l’AFP a confirmé l’hypothèse d’un attentat suicide contre un marché lundi. "Une femme kamikaze s’est fait exploser à côté d’un camion vers la douane, faisant six morts et de nombreux blessés civils", peut-on lire dans le rapport. "On a retrouvé sa tête et le reste du corps complètement démembré", a de son côté précisé une source humanitaire, qui faisait état de cinq morts – la kamikaze et quatre habitants – et de 16 blessés.

Les autorités nigériennes craignent particulièrement la présence de potentiels assaillants ou kamikazes déjà infiltrés en ville. Le Premier ministre Brigi Rafini a déclaré mardi que de jeunes Nigériens qui avaient séjourné dans des camps d’entraînement de Boko Haram côté nigérian avaient participé aux récentes attaques contre leur propre pays. La population est donc appellée à la plus grande vigilance et à fournir tout renseignement utile aux forces de sécurité. 

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Une situation humanitaire très préoccupante

Lors d’une allocution lundi soir au Parlement, le ministre de la Défense Mahamadou Karidjo a déclaré que "la situation à Diffa" était "dramatique", ajoutant que "les populations [étaient] en train de quitter la ville". "Mardi matin, Diffa était une ville morte. Femmes, hommes et enfants, tous quittent en masse Diffa : à pied, à moto, en voiture en camion…", a affirmé un journaliste local, ajoutant qu’il fallait attendre trois jours pour pouvoir monter dans un des nombreux bus évacuant la ville.

Ces "probables déplacements internes" ajoutent "une nouvelle problématique humanitaire" à "une situation déjà complexe", a pour sa part commenté Benoît Moreno, le porte-parole du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) au Niger. Le Niger accueille 125 000 réfugiés venus du Nigeria dans la région de Diffa. Pour des questions de sécurité, le HCR, ainsi que le Programme alimentaire mondial (PAM), ont provisoirement suspendu leurs interventions auprès de ces réfugiés, pour la plupart atteints de malnutrition. 

(Avec AFP)

 
 

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