Libye : les forces anti-EI avancent rapidement à Syrte

Les forces progouvernementales libyennes ont progressé rapidement dans leur offensive à Syrte contre le groupe Etat islamique (EI) en s’emparant du port et de plusieurs quartiers ces dernières 24 heures malgré la résistance des jihadistes qui défendent leur fief en Libye.

Les forces gouvernementales libyennes progressent vers la ville de Syrte, le 10 juin 2016 pour y chasser les jihadistes de l’EI. © AFP

Les forces gouvernementales libyennes progressent vers la ville de Syrte, le 10 juin 2016 pour y chasser les jihadistes de l’EI. © AFP

Publié le 11 juin 2016 Lecture : 3 minutes.

Au lendemain de violents combats de rue, de raids aériens et de tirs à l’artillerie lourde, les violences ont nettement baissé d’intensité samedi entre les forces fidèles au gouvernement d’union nationale (GNA) soutenu par la communauté internationale et les jihadistes qui contrôlent Syrte (centre-nord) depuis juin 2015.

L’offensive pour déloger l’EI de Syrte a été lancée le 12 mai par les forces du GNA, qui, avant de parvenir à Syrte, ont repris sur leur chemin d’autres localités et installations aux mains des jihadistes.

Ces derniers se sont implantés en Libye fin 2014 en profitant du chaos politique et sécuritaire qui règne dans ce pays.

« Nos forces ont donné l’assaut au port, l’ont repris et s’y sont installées » tard vendredi après de violents combats, a déclaré à l’AFP Reda Issa, un responsable du bureau d’informations des pro-GNA.

Elles se sont aussi emparées de plusieurs quartiers résidentiels de l’est de cette ville, a ajouté M. Issa, qui a fait état de 11 morts et de 45 blessés dans les rangs des pro-GNA vendredi, la plupart touchés par des balles de francs-tireurs de l’EI postés sur les toits des bâtiments.

D’après le même responsable, les forces progouvernementales encerclent maintenant les jihadistes dans un secteur de 5 km2 entre le centre et le nord de la ville. Elles bloquent depuis jeudi la façade maritime de cette ville côtière située à 450 km à l’est de Tripoli.

– « Impressionné »-

Les forces loyales au GNA sont entrées mercredi dans Syrte et ont rapidement progressé avec l’appui de bombardements aériens libyens et de tirs d’artillerie lourde.

Sur son compte Twitter, l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, s’est dit samedi « impressionné par leurs « progrès rapides ».

Vendredi, Brett McGurk, l’envoyé spécial du président américain Barack Obama auprès de la coalition internationale antijihadistes, avait indiqué que les Etats-Unis jugeaient ces avancées encourageantes même s’il jugeait la situation à Syrte encore « fluctuante ».

Selon un correspondant de l’AFP sur place, les forces du GNA faisaient feu vendredi avec des tanks, des lance-roquettes et de l’artillerie lourde et livraient aux jihadistes d’intenses combats de rue, maison par maison, dans le centre-ville.

Les combats se concentraient dans le secteur du centre de conférence Ouagadougou, où l’EI a installé son centre de commandement. Des dizaines de véhicules tout-terrain ont été vus sur la route menant de l’ouest de la ville à ce complexe.

Le nombre de combattants de l’EI à Syrte est inconnu, tout comme le nombre de civils qui y résident encore.

Syrte est l’objectif principal d’une vaste offensive militaire lancée il y a un mois pour chasser les jihadistes d’une bande littorale d’environ 200 kilomètres de long dans le centre-nord de la Libye.

C’est de Misrata, une grande ville située entre Tripoli et Syrte, que décollent la grande majorité des avions et hélicoptères utilisés dans l’offensive et d’où sont originaires la plupart des milices composant les forces du GNA dans la bataille pour Syrte.

– Appel à l’unité

« Les forces qui attaquent l’EI par l’ouest et le sud sont principalement des milices de la ville de Misrata et sont estimées à 2.000 combattants », selon Emily Estelle, spécialiste Afrique du Nord et Proche-Orient à l’American Enterprise Institute, basé à Washington.

Participent également à l’offensive sur Syrte les Gardes des installations pétrolières et des unités de l’armée libyenne divisée.

D’autres unités de l’armée nationale sont en effet restées loyales au gouvernement parallèle installé dans l’est qui ne reconnaît pas la légitimité du GNA dirigé par Fayez al-Sarraj et basé à Tripoli depuis fin mars. Elles sont dirigées par le général controversé Khalifa Haftar.

« Les groupes qui se battent contre l’EI à Syrte sont des milices illégitimes, loyales à un gouvernement illégitime », a dénoncé vendredi un porte-parole des pro-Haftar, Ahmed al-Mesmari.

Fayez al-Sarraj a lui appelé « toutes les forces militaires à s’unir face à l’ennemi commun et à rejoindre les forces victorieuses (de la bataille de Syrte) » qui « assiègent l’EI dans un réduit où il n’a plus d’autre option que de mourir ».

Les Occidentaux tentent de mettre hors d’état de nuire l’EI,groupe ultraradical responsable d’exactions terribles et d’attentats meurtriers dans le monde, en aidant les forces antijihadistes notamment en Syrie et en Irak, où cette organisation est le mieux implantée.

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