Guinée-Bissau : face à la persistance de la crise, l’ONU demande la reprise du dialogue politique

Si les ministres déchus ont quitté sans heurt jeudi 9 juin le palais du gouvernement qu’ils occupaient depuis deux semaines, la crise politique est loin d’être terminée en Guinée-Bissau. Alors que le bras de fer se poursuit entre le président Vaz et le PAIGC (majoritaire à l’Assemblée nationale), les Nations unies ont à nouveau fait part de leur inquiétude. 

Vue du quartier Bissau velho, le plus ancien de Bissau. © Sylvain CHERKAOUI / Jeune Afrique

Vue du quartier Bissau velho, le plus ancien de Bissau. © Sylvain CHERKAOUI / Jeune Afrique

Publié le 15 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Guinée-Bissau mardi 14 juin, Modibo Touré, représentant des Nations unies en Guinée-Bissau, a renvoyé la balle aux deux camps opposés. Selon lui, la dernière crise a été provoquée par la décision du président José Mario Vaz de renommer Baciro Dja au poste de Premier ministre, entraînant l’occupation du palais du gouvernement par les ministres déchus.

Une économie précaire menacée par la crise 

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Comme s’y était déjà essayé quelques semaines auparavant l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, l’un des médiateurs de la Cedeao à Bissau, Modibo Touré a souligné mardi les risques économiques provoqués par l’impasse politique.

« Plus la crise se poursuit, plus il est probable que nous revenions sur les gains obtenus durant la période post-électorale, y compris une croissance économique positive », a-t-il averti, appelant à un « véritable dialogue politique » pour sortir de l’impasse.

La Cour constitutionnelle appelée à trancher 

Mais pour l’heure, les deux camps semblent irréconciliables. Malgré l’implication des dignitaires religieux du pays et des émissaires de la sous-région, les négociations sont au point mort.

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Mené par l’ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) a entamé une action en justice devant la Cour constitutionnelle pour faire invalider la désignation de Baciro Dja, déjà déclarée inconstitutionnelle en septembre 2015. « Pour l’instant, nous attendons cette décision de justice », confirme Aly Hijazi, secrétaire général du PAIGC.

Le PAIGC pourrait-il perdre la bataille ? 

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Selon la Constitution, le Premier ministre est nommé par le président qui doit tenir compte des résultats des élections législatives. Jusqu’à présent, le PAIGC, vainqueur des dernières élections législatives de 2014, y détenait la majorité absolue. Mais suite à la fronde de 15 de ses députés, l’ex-parti unique a perdu sa majorité absolue, ouvrant la voie à un possible gouvernement d’initiative présidentielle.

« Cette fois-ci, à la différence de ce qui s’était passé en août 2015, le président Vaz a consulté le PAIGC – sans retenir au final ses propositions – avant de nommer Baciro Dja. Il pense disposer là d’un argument pour défendre ce gouvernement d’initiative présidentielle auprès de la Cour constitutionnelle. Dans sa décision de septembre 2015, la Cour avait d’ailleurs déjà validé le principe de l’initiative présidentielle en cas d’absence de majorité évidente d’un parti », souligne Vincent Foucher, analyste à l’International Crisis Group.

La présence de Baciro Dja lors du sommet de la Cedeao samedi 4 juin à Dakar est par ailleurs « un signe, donné bon gré mal gré par les pays de la sous-région, de reconnaissance du nouveau gouvernement « , poursuit le chercheur français, spécialiste de la Guinée-Bissau. Et d’ajouter : « Le PAIGC pourrait bien perdre cette bataille-ci. »

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