Tunisie : qui est Abdelkarim Harouni, nouveau président du conseil de la choura d’Ennahdha ?
Fraîchement élu président du conseil de la choura du parti Ennahdha lors d’une réunion qui s’est tenue samedi à Hammamet, le temps de la revanche a sonné pour Abdelkarim Harouni.
En l’emportant par 15 voix sur le favori, Abdelattif Mekki, Abdelkarim Harouni est aux commandes du conseil consultatif d’Ennahdha depuis le 11 juin. Un choix qui indique que la Choura reste acquise aux « faucons » et sur des orientations plus radicales que celle du bureau politique du parti islamiste, qui à la faveur de son dernier congrès en mai 2016 a scindé les activités religieuses des activités politiques.
Ex-ministre des Transports
Cet ingénieur, issu de l’école nationale des ingénieurs tunisiens (ENIT) dans les années 1980, est connu pour être l’un des tribuns les plus virulents du mouvement. La victoire d’Ennahdha aux élections de la constituante en 2011, le propulse à l’Assemblée, qu’il quittera pour le portefeuille des Transports. Poste qu’il occupera sous les gouvernements Jebali et Larayedh, jusqu’en décembre 2014.
S’il n’a pas réussi à redresser la compagnie nationale Tunisair et qu’il n’est pas parvenu à apaiser les tensions sociales au sein des transports publics, il s’est distingué en clamant son soutien aux Frères Musulmans égyptiens à la chute de Morsi en juillet 2013 et en s’affichant aux côtés de dirigeants de la Ligue de Protection de la Révolution (LPR), milice islamiste dissoutes en 2014.
Activiste
Au lendemain du soulèvement du 14 janvier 2011, l’ancien élève du Lycée de Carthage, avait réclamé la libération d’un groupe de terroristes impliqués en 2006 dans des projets d’attentats, connus sous l’affaire de Soliman. Ces positions sont en lien avec son histoire personnelle. Cofondateur et par deux fois Secrétaire général de l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE), Abdelkarim Harouni s’était fait connaître pour son activisme. Arrêté en 1992 et condamné à perpétuité pour « organisation d’un attentat visant à changer la forme du gouvernement par la violence », il a été libéré en 2007 mais n’a pas cessé d’être persécuté par les services de Ben Ali.
Première prise de position en tant que président
À 56 ans, le nouveau président du conseil de la Choura s’est très vite installé dans son rôle. Il s’est exprimé sur la crise politique en Tunisie et spécifié qu’Ennahdha ne demandait pas le départ du chef du gouvernement, Habib Essid. « Quand on délègue une mission à un dirigeant et qu’il l’accomplit, ce n’est pas pour lui demander ensuite de s’en aller. Ce n’est pas comme ça que les choses se passent, ce n’est pas comme ça qu’il faut concevoir le respect vis-à-vis des hommes d’État », précise-t-il le 13 juin dans sa première allocution publique, sur les ondes d’Express FM.
Il approuve l’initiative d’un gouvernement d’union nationale mais réclame pour son parti une participation majeure, égale à son poids politique. Ce qui ne l’empêche pas de souhaiter l’inclusion d’autres partis, y compris de l’opposition ainsi qu’une large consultation avec la société civile. L’objectif de cette manœuvre est « d’assumer tous ensemble les responsabilités politiques qui nous incombent ». Il donne ainsi des arguments à ses détracteurs, qui assurent qu’un gouvernement d’union nationale ne ferait que masquer les échecs de l’actuelle coalition gouvernementale.
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