Homophobie dans le foot : la fédération nigériane s’en prend à nouveau au lesbianisme

Les joueuses de football lesbiennes seraient responsables des mauvais résultats de l’équipe nationale féminine nigériane, selon Seyi Akinwunmi, vice-président de la Fédération nigériane de football.

L’équipe nigériane féminine de football au Mondial 2015 à Vancouver, le  16 juin © Rich Lam/AFP

L’équipe nigériane féminine de football au Mondial 2015 à Vancouver, le 16 juin © Rich Lam/AFP

Publié le 14 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

L’équipe de football féminine du Nigeria a échoué à se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio lors des Jeux Africains de Brazzaville, en septembre 2015. Un résultat inhabituel pour un groupe de joueuses qui a assuré sa présence à toutes les éditions de la Coupe du monde féminine depuis 1991. Les Super Falcons ont également remporté la Coupe d’Afrique neuf fois sur onze, faisant de leur équipe la meilleure de tout le continent africain.

Mais plutôt que de remettre en question la qualité de leur encadrement, certains responsables fédéraux bottent judicieusement en touche, en rejetant naturellement la faute sur les joueuses, ce qui est plus commode. La contre-performance de ces dernières serait donc causée par des « relations homosexuelles » (illégales au Nigeria) au sein de l’équipe, a estimé Seyi Akinwunmi, vice-président de la NFF, lors d’une rencontre avec des journalistes sportifs à Ibadan (sud-ouest du Nigeria) samedi 11 juin.

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« Le lesbianisme tue les équipes » et « les gens ont peur d’en parler », a-t-il déclaré – sans rire – devant les journalistes. Des propos relayés par la presse locale lundi. Contacté par l’AFP, Seyi Akinwunmi, qui a déjà été épinglé par le passé par la Fifa pour des propos similaires, n’était pas disponible pour donner davantage d’explications.

Jusqu’à 14 ans de prison pour homosexualité

La religion tient une place importante dans la société nigériane, où 170 millions d’habitants se répartissent entre un nord principalement musulman et un sud essentiellement chrétien. Les autorités du Nigeria et des membres de l’encadrement sportif ont déjà été pointés du doigt par la Fédération internationale de football pour des commentaires homophobes.

C’est le cas d’Eucharia Uche, entraîneuse de l’équipe en 2011, selon qui l’homosexualité est « spirituellement et moralement condamnable », mais aussi « sale », raison pour laquelle elle a exclu des joueuses lesbiennes de l’équipe à l’époque.

L’ancienne présidente de la ligue nigériane de football féminin, Dilichukwu Onyedinma, avait quant à elle annoncé il y a trois ans dans les médias locaux l’interdiction officielle de l’homosexualité féminine dans les équipes nigérianes. Des déclarations qui ont provoqué l’ouverture d’une enquête par la Fifa.

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L’État nigérian applique une répression forte vis-à-vis de l’homosexualité, interdite par la loi et passible d’une peine de 14 ans d’emprisonnement depuis janvier 2014. Les militants des droits LGBT dénoncent l’une des lois « les plus homophobes du monde. » Le gouvernement nigérian, lui, rétorque que cette loi est soutenue par 90% de la population.

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