L’Éthiopie agite la menace d’une « guerre totale » contre l’Érythrée

Après de violents combats frontaliers entre des militaires éthiopiens et érythréens dimanche 12 juin, Addis-Abeba n’exclut pas de déclencher une « guerre totale » contre son voisin si l’attitude de ce dernier ne change pas.

Des soldats éthiopiens à la frontière érythréenne le 5 novembre 2008. Photo d’illustration. © AFP

Des soldats éthiopiens à la frontière érythréenne le 5 novembre 2008. Photo d’illustration. © AFP

Publié le 14 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

« Nous avons la capacité de mener une guerre totale contre l’Érythrée, mais nous ne voulons pas le faire », a déclaré Getachew Reda, porte-parole du gouvernement éthiopien pendant une conférence de presse à Addis-Abeba. « Une guerre dépendra de l’attitude d’Asmara. […] J’espère qu’ils ne répéteront pas l’erreur de nous entraîner dans une guerre ouverte », a-t-il ajouté.

« La goutte de trop »

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Getachew Reda a indiqué que l’armée éthiopienne a tenté dimanche de mettre fin aux attaques répétées de l’Érythrée le long de la frontière, cause de litiges entre les deux États : « les derniers tirs de l’Érythrée (à la frontière) ont été la goutte de trop. Nous ne pensons pas qu’ils s’attendaient à une telle réponse de notre part », a-t-il enchéri.

« Les mesures prises au cours des dernières 48 heures envoient un message suffisamment clair au régime (érythréen). Espérons que l’étendue des dommages qu’il a subis le fera réfléchir à deux fois », préviens Getachew Reda.

Pour le gouvernement éthiopien, l’accrochage qui a eu lieu dimanche dernier avec l’Érythrée est présenté comme le plus grave de ces dernières années.

« Des pertes importantes des deux côtés »

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Les deux pays s’accusent mutuellement d’avoir provoqué les affrontements de dimanche, à l’occasion desquels des tirs d’artillerie lourde ont été signalés des deux côtés de la frontière. La presse locale, relayant des témoins, a également mentionné des mouvements de blindés.

Le porte-parole du gouvernement n’a pas souhaité révéler le nombre de soldats éthiopiens perdus dans l’accrochage qui s’est terminé lundi à la mi-journée, mais il affirme que « les pertes ont été importantes des deux côtés. »

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Réputée pour sa puissante armée, bien équipée et efficace, l’Éthiopie (96 millions d’habitants) jouit de troupes bien plus puissantes que l’Érythrée (6 millions d’habitants).

Côté érythréen, le ministre de l’Information dénonçait mardi un acte d’agression militaire de la part de son voisin éthiopien. Il affirmait que ses troupes avaient repoussé les assaillants, en causant de lourdes pertes dans les rangs ennemis.

L’Érythrée rejette la faute sur l’Ethiopie

Soumis à un service militaire à durée indéterminée, ils sont des milliers d’Érythréens à tenter de fuir leur pays chaque mois, selon l’ONU. Mais pour Asmara, les autorités éthiopiennes seraient jalouses des conditions de vie érythréennes, d’où leurs attaques récurrentes.

« L’opposition croissante de mouvements populaires éthiopiens, la corruption endémique et la crise économique qui va avec, ainsi que la volonté de freiner les progrès prometteurs de l’Érythrée sont parmi les facteurs qui ont poussé le régime du TPLF (le Front de libération du peuple du Tigré, au pouvoir à Addis Abeba, ndlr) à se laisser aller à des aventures militaires imprudentes », a expliqué le ministre de l’Information de l’Érythrée dans un communiqué.

Une guerre meurtrière avait déjà opposé les deux pays entre 1998 et 2000. La paix n’est toujours pas installée entre l’Éthiopie et l’Érythrée qui ont pourtant signé des accords allant en ce sens en 2000. Depuis lors, des troupes des deux États se surveillent et se provoquent régulièrement le long d’une frontière lourdement sécurisée.

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