Guinée : après un discours d’Alpha Condé, le RPG connaît des remous
Deux cadres du RPG Arc-en-ciel ont été exclus du parti au pouvoir après avoir réagi dans une lettre ouverte à des propos tenus par Alpha Condé lors de la célébration du 25e anniversaire de son retour d’exil. Explications.
En Guinée, le parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel, traverse une mauvaise passe. Son bureau politique national a exclu, ce samedi 11 juin 2016, deux de ses cadres militants : Ousmane Kaba, député du parti et ancien ministre conseiller à la présidence de la République et Alhousseny Makanéra Kaké, ancien ministre de la Communication, devenu très critique envers Alpha Condé depuis son départ du gouvernement.
Le député et leader du Parti du travail et de la solidarité (PTS), Mamady Diawara, a, quant à lui, vu son alliance avec le RPG – qui datait de 2010 – rompue. Et Sékou Savané, député uninominal de la préfecture de Siguiri, fief électoral du parti au pouvoir, a pour sa part été convoqué pour explications.
Qu’est ce qui a provoqué ce séisme ?
Les ennuis des députés Mamady Diawara, Ousmane Kaba et Sékou Savané datent de la publication d’une lettre ouverte dans laquelle ils menacent de tirer les conséquences des propos tenus par le président Alpha Condé lors de la célébration du 25e anniversaire de son retour d’exil, le 28 mai dernier.
Lors de cette célébration, le président guinéen a estimé que « les gens qui [l’]ont le plus combattu dans ce pays, se sont les cadres malinkés ». Puis de poursuivre : « Qui sont les gens qui ont mené la lutte clandestine en Guinée ? En tête, Amadou Kénéma, ensuite, Sékou Souapé […] Il n’y avait aucun Malinké. C’était des Bagas, des gens de Lola ».
Des propos dénaturés
Des propos qui ont provoqué des vives réactions en Haute Guinée. À Kankan, pour prévenir des affrontements entre les partisans d’Alpha Condé et ceux de Ousmane Kaba, le Sotikèmö (doyen des sages) a ordonné à la presse locale la suspension de tout débat sur le sujet controversé.
Alpha Condé et ses proches soutiennent que ses propos ont été dénaturés. Reparti au siège de son parti dimanche 12 juin, Condé s’est interrogé devant ses militants : « Comment, étant président d’un pays, je peux dire que les cadres soussous ou peuls ou encore malinkés sont malhonnêtes ? Il faut être un imbécile pour croire à ça. Il y a des cadres patriotes et des opportunistes partout. » Et Alpha Condé d’estimer que l’incident aura permis de faire tomber les masques (« On sait maintenant qui est qui », a-t-il précisé) et de promettre que le RPG en sortira « plus fort ». « Nous avons fait 58 % (57,84 % selon les résultats définitifs de la présidentielle 2015). La prochaine fois, nous gagnerons à plus de 65 % ».
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