Maroc : Mohammed VI inaugure la fondation des oulémas africains

Soucieux de lutter contre le jihadisme, d’élargir son influence religieuse sur le continent et de consolider la place du Maroc dans le jeu diplomatique africain, le souverain alaouite a inauguré mardi une instance de concertation entre des oulémas provenant de 31 pays.

A travers la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, le roi du Maroc veut véhiculer un islam tolérant capable de lutter contre les idées jihadistes. © Maghreb Arab Press (MAP)

A travers la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, le roi du Maroc veut véhiculer un islam tolérant capable de lutter contre les idées jihadistes. © Maghreb Arab Press (MAP)

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 15 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Créée par un décret royal (dahir) le 25 juin 2015, la Fondation Mohammed VI des oulémas africains a été installée par le roi du Maroc, mardi 14 juin, à la mosquée Al Qaraouiyine de Fès, haut lieu spirituel pour nombre de pays africains.

Dans un long communiqué, la Maison royale indique que cette nouvelle institution a pour mission d’assurer une coordination entre 120 théologiens provenant de 31 pays du continent africain, afin que ceux-ci puissent échanger sur le meilleur moyen d’instaurer un islam de tolérance face à la propagande jihadiste. « Sans interférer dans les décisions officielles de leurs pays », tient-on tout de même à préciser.

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« Notre décision de mettre en place cette institution ne fait pas suite à une contingence fortuite, pas plus qu’elle ne vise à réaliser des intérêts étriqués ou éphémères, mais procède plutôt d’une conception intégrée de la coopération constructive et d’une volonté de répondre concrètement aux demandes de nombre de pays africains frères en matière religieuse », a déclaré le roi Mohammed VI devant les oulémas membres de la fondation, présents pour l’occasion.

Unis contre le jihadisme

Présidée par le souverain alaouite, qui est secondé par son ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufik, au poste de président délégué, la nouvelle fondation est composée de sommités religieuses africaines telles que le professeur sénégalais Ravane Mbaye, lauréat du prix Ibn Khaldoun-Léopold Senghor 2012 qui récompense les meilleures traductions d’ouvrages religieux de l’arabe vers le français. On reconnaît aussi l’historien malien Mahmoud Abdou Zouber, qui s’est illustré dans la sauvegarde des manuscrits de Tombouctou, Ismael Oceni Ossa, président du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon et Boubakeur Doukoure, guide spirituel du Burkina.

17 femmes sur 120 membres

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Fait significatif, sur les 120 membres de la Fondation, on compte 17 femmes : 2 du Tchad, 2 du Sénégal, 1 du Niger, 1 du Burkina, 2 du Ghana, 1 du Mali, 4 du Nigeria et 4 du Maroc. Depuis la mise en place d’un enseignement spécifique pour les morchidates (conseillères religieuses) au début des années 2000, le Maroc considère que la femme a un rôle de premier plan à jouer dans la lutte contre les idées extrémistes. À l’Institut de formation des imams et des prédicateurs, ouvert par le Maroc en 2015 pour former le personnel religieux, principalement africain, leur nombre ne cesse d’ailleurs de grandir. 

Religion et politique

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Au plan géographique, la fondation couvre pratiquement toute l’Afrique, y compris des pays anglophones qui ne sont pas spécialement acquis à la position du Maroc sur le Sahara, comme l’Afrique du Sud, le Kenya ou encore l’Angola. Grâce à cette nouvelle institution, Mohammed VI dispose d’un soft-power religieux qui l’aidera à élargir encore plus son influence diplomatique sur le continent africain.

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