Exclusif : comment le gouvernement algérien veut couper internet pour éviter la fraude au bac

Le gouvernement algérien veut couper partiellement ou totalement le réseau internet au cours des prochains jours pour éviter de nouvelles fraudes lors de la deuxième session du bac qui se déroulera du 19 au 23 juin.

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Publié le 16 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Fin mai, trois agents de l’Office national des concours et examens (ONEC), aujourd’hui en détention préventive, avaient subtilisé dans une imprimerie les énoncés de certaines épreuves avant de les mettre à la disposition des candidats via les réseaux sociaux (Facebook et Twitter). Devant le scandale national provoqué par ces fraudes massives, les autorités ont été contraintes d’annuler en partie le concours et d’organiser une seconde cession. Quelque 350 000 élèves sur les 818 518 inscrits devront ainsi repasser les épreuves à partir de samedi prochain.

Traiter le mal à la racine

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Pour éviter la réédition d’un pareil scénario qui serait catastrophique, Alger étudie donc la possibilité de traiter le mal à la racine. À la demande du gouvernement, une réunion s’est tenue lundi 13 juin au siège de l’ARPT (Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications), le gendarme des télécoms algériens. Selon nos informations, étaient présents des membres de cet organisme, des représentants du gouvernement ainsi que des responsables des trois acteurs de la téléphonie mobile qui opèrent dans le pays : Mobilis qui relève du secteur public, Djezzy dont l’Algérie détient la majorité avec le Russe Vimpelcom et le Qatari Oreedoo. Objectif de la réunion : trouver les voies et moyens de contrôler le flux internet.

Vers un verrouillage total de l’accès à internet ?

Au cours des discussions, deux options se sont dégagées. La première consiste à couper, au niveau des trois opérateurs téléphoniques, l’accès aux réseaux sociaux auxquels les Algériens sont devenus accros depuis l’introduction de la 3G. Les responsables des trois opérateurs expliquent que si l’option de verrouiller l’accès à Facebook en particulier est envisageable, elle ne réduit pas pour autant à zéro le risque de fraude.

Les représentants du gouvernement demandent alors s’il est possible d’aller encore plus loin en coupant le VPN (réseau privé virtuel) – des points d’accès à internet à partir de l’étranger qui ne filtrent pas les réseaux sociaux. Cette deuxième possibilité existe, rétorquent les opérateurs, mais la mettre en pratique reviendrait à suspendre totalement l’accès à internet.

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Mesure radicale

Cette mesure radicale durera-t-elle de la veille des examens jusqu’à leur dernier jour, c’est à dire pendant 6 jours pleins (du 18 au 23 juin), ou seulement durant les heures pendant lesquelles se déroulent les épreuves ? La balle est du côté du gouvernement qui devrait notifier sa décision aux trois opérateurs et à l’ARPT dans les heures à venir, ou au plus tard dans la journée de vendredi 17 juin.

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Les fuites des sujets des examens du Baccalauréat, qui ont eu lieu du 30 mai au 2 juin, ont pris les allures d’un scandale politique. Le Premier ministre avait dénoncé une atteinte à la sécurité nationale alors que le ministère de l’Éducation évoque un complot. Une enquête de la gendarmerie nationale a débouché sur l’arrestation de trois cadres de l’ONEC qui ont été placés sous mandat de dépôt.

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