Raymonde Goudou Coffie : « Le cancer est un gros problème de santé publique en Côte d’Ivoire »
Le Dr Raymonde Goudou Coffie, la ministre ivoirienne de la Santé, a participé à la 1ère Journée du cancer en Afrique, organisée dans le cadre du Congrès mondial des traitements anti-cancéreux (Icat-2015), à Paris, le 3 février. L’occasion pour elle de revenir sur l’évolution de cette redoutable maladie en Afrique et sur les différentes mesures prises par son gouvernement pour la combattre.
Jeune Afrique : Le nombre de cancers augmente de manière constante en Afrique. La Côte d’Ivoire est-elle aussi touchée par le phénomène ? Et si oui, quels sont les cancers qui y sont les plus fréquents ?
Dr Raymonde Goudou Coffie : Comme dans la plupart des pays africains, le cancer est aujourd’hui un gros problème de santé publique en Côte d’Ivoire. Un phénomène qui s’explique notamment par le fait que les traitements y coûtent souvent très cher mais aussi par ce que les cancers sont diagnostiqués très tardivement. La plupart des patients ne vont chez le médecin ou à l’hôpital que lorsqu’ils vont très mal, après avoir tout essayé pour calmer leur douleur et essayer nombre de traitements alternatifs. Selon les dernières statistiques dont nous disposons, le cancer du sein est le premier cancer en Côte d’Ivoire. Viennent ensuite celui du foie, de la prostate, puis celui du col de l’utérus.
Quelles sont les mesures prises par votre gouvernement pour lutter contre le cancer ?
Dans le cas du cancer du sein, par exemple, nous avons décidé de mettre la priorité sur le dépistage précoce. Un travail à mener sur toute l’étendue du territoire, avec l’appui des ONG engagées dans la lutte contre le cancer. Dans ce cadre, nous bénéficions aussi de l’aide de la Fondation Lalla Salma du Maroc – l’épouse du roi – afin d’ouvrir des centres de dépistages. Nous avons aussi débuté des campagnes de sensibilisations des femmes, à l’intérieur de nos structures sanitaires d’abord, pour que certains gestes comme la palpation des seins deviennent automatiques lors de certaines consultations.
Nous allons aussi bientôt ouvrir deux centres de radiothérapie, pour mieux détecter et traiter ces maladies.
Nous allons aussi bientôt ouvrir deux centres de radiothérapie, pour mieux détecter et traiter ces maladies. Car aujourd’hui, lorsque vous êtes atteint d’un cancer en Côte d’Ivoire et que vous devez être soigné par radiothérapie (et pas seulement par chimiothérapie, la solution médicamenteuse), votre seule option est, malheureusement, de le faire à l’étranger, au Maroc, au Ghana, ou encore en France la plupart du temps. Pour ceux qui en ont les moyens, c’est une charge financière importante, mais cela comporte aussi le risque de désorienter le malade. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, nous avons les capacités humaines – 11 médecins spécialisés en radiothérapie et en oncologie – pour pouvoir démarrer rapidement ce service. Nous allons aussi ouvrir d’ici avril, une section "spécialité oncologie", à la faculté de médecine d’Abidjan, afin de former d’avantage de médecins.
Ces centres de radiothérapie, par qui seront-ils financés ?
Le premier sera financé par le gouvernement ivoirien (13 milliards de FCFA) et le second, plus grand, qui comportera aussi un département dédié à la recherche sera le fruit d’un partenariat avec la Corée (23 milliards de FCFA). Le premier chantier devrait commencer sous peu et le second d’ici fin 2015.
Le 3 février, lors de votre intervention à Paris, vous avez aussi lancé le "passeport pour ma santé". De quoi s’agit-il exactement ?
C’est un petit carnet qui rassemble tout ce qu’il faut savoir sur sa santé et qui sera distribué partout dans le pays. Il comprend des conseils, des rappels sur le calendrier vaccinal des enfants, des recommandations, des explications sur certaines maladies etc… C’est le B.A.-ba pour prendre soin de soi et s’approprier sa santé, pour éviter à terme de graves maladies, comme le cancer.
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Propos recueillis par Haby Niakaté
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