Attentat de Paris : « Didi », héros algérien du Bataclan, a été naturalisé français et décoré par Cazeneuve

L’employé de sécurité algérien de 35 ans, dont on a appris la naturalisation française fin mai, a reçu jeudi la médaille d’or de la sécurité intérieure des mains du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Il avait sauvé de nombreuses vies lors des attentats de Paris, le 13 novembre dernier.

Le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve. © Christophe Ena/AP/SIPA

Le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve. © Christophe Ena/AP/SIPA

Publié le 17 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

« Cela me fait chaud au coeur, c’est le pays qui m’a vu grandir, je me suis toujours senti citoyen comme tout le monde », a expliqué Didi, qui préfère ne dévoiler ni son nom, ni son visage. Ce vigile du Bataclan a passé toute sa vie en France, où il est arrivé d’Algérie à l’âge de six mois.

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Mobilisation citoyenne

Une pétition signée par près de 105 000 citoyens demandait la naturalisation et l’octroi de la Légion d’honneur à ce « héros oublié ». Chargé d’assurer la sécurité dans la salle de concert parisienne attaquée en novembre 2015, il n’avait pas hésité à retourner à plusieurs reprises à l’intérieur du Bataclan, malgré les tirs des assaillants, afin de secourir les spectateurs n’ayant pas pu s’extirper.

Jeudi 16 juin, le ministre de l’Intérieur a reçu et décoré Didi, qui n’avait jusqu’alors qu’une carte de séjour française, bien qu’il ait passé la quasi intégralité de sa vie sur le territoire, et qu’il se sente « déjà Français » selon ses dires. Celui-ci avait par ailleurs jugé sa naturalisation « logique » en apprenant la nouvelle, compte tenu de son dossier réunissant toutes les conditions requises.

« J’ai fait preuve de sang-froid, d’un peu d’inconscience aussi : quand je suis rentré pour la deuxième fois (dans la salle de spectacle, NDLR), je me suis vraiment mis en danger, j’ai dû m’allonger dans la fosse (…). Au final, je vois que cela a pu aider pas mal de gens et moi je suis entier », précise Didi qui a été félicité par des rescapés des attentats ainsi qu’une quarantaine de personnes venus assister à la cérémonie place Beauvau.

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« Le pire et le meilleur de l’humain »

« Ce soir-là, j’ai vu le pire et le meilleur de l’humain. Aujourd’hui, c’est un moment heureux, c’est bien de parler des héros et pas seulement des bourreaux », confie Amandine, survivante de l’attaque, toujours en fauteuil roulant et une attelle à la jambe.

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« Ce qui me fait plaisir dans tout cela, c’est les remerciements de ceux que j’ai aidés. On s’appelle, on prend des nouvelles, pour la reconstruction (…). Tourner la page reste compliqué, après une telle atrocité, il faut avancer étape par étape. La naissance de ma fille il y a dix jours m’a fait beaucoup de bien », raconte Didi.

À la fin du mois de mai 2016, le ministre français annonçait officiellement la naturalisation de Didi. La cérémonie de jeudi devait permettre de célébrer l’acte héroïque du vigile. S’il n’a pas été décoré de la Légion d’honneur comme le demandait la pétition citoyenne, Didi a tout de même reçu la distinction dorée de la sécurité intérieure.

Les autorités françaises réitèrent par là leur volonté de manifester leur reconnaissance aux »héros » des attentats perpétrés sur le territoire national, comme cela a déjà été fait pour Lassana Bathily, d’origine malienne, qui a obtenu l’an dernier la nationalité française après avoir secouru des otages de l’Hyper Cacher en janvier 2015.

Les attentats en Île-de-France de novembre 2016 avaient coûté la vie à 130 personnes, dont 90 au Bataclan, assassinées par trois commandos jihadistes.

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