Assassinat de Chokri Belaïd : « manifestation de colère » à Tunis avant une nouvelle audience du procès
Des responsables politiques et proches de l’opposant tunisien Chokri Belaïd, assassiné en 2013, ont manifesté leur colère vendredi face aux « zones d’ombre » du dossier, à l’ouverture d’une nouvelle audience du procès dans lequel 24 personnes devaient être jugées.
Chokri Belaïd, farouche opposant du parti islamiste Ennahdha qui était au pouvoir en 2013, a été tué devant son domicile le 6 février de cette même année. Un crime qui avait choqué le pays et qui avait été attribué par les autorités à la mouvance jihadiste. Ces même autorités ayant annoncé un an plus tard avoir abattu l’assassin présumé, Kamel Gadhgadhi. Mais la famille du défunt dénonce encore aujourd’hui des « zones d’ombre » du dossier et réclame la vérité.
« Béji et Ghannouchi, ennemis des martyrs »
Le parti de Chokri Belaïd, le Front populaire (FP, gauche), avait appelé à une « manifestation de colère » vendredi à l’occasion d’une nouvelle audience du procès de 24 Tunisiens poursuivis pour leur implication présumée dans le meurtre. « Fidèles au sang des martyrs », « Chokri repose-toi, on va continuer le combat », ont notamment scandé les quelque 300 participants.
Brandissant des drapeaux tunisiens et le portrait du défunt, ils ont visé nommément le chef du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, et le président Béji Caïd Essebsi. « Béji et Ghannouchi, vous êtes les ennemis des martyrs », ont-ils clamé. « Cela fait trois ans que ce dossier est instruit, sans résultat. Il y a une volonté politique d’entraver son avancement », a déclaré Ammar Amrousia, un cadre du Front populaire. Malgré la présence des forces de l’ordre, des manifestants sont parvenus à entrer dans l’enceinte du tribunal, en criant « le peuple veut une magistrature indépendante ».
Nouveau report du procès
Prévue jeudi, une séance d’audition des ministres de l’Intérieur et de la Justice, consacrée aux derniers développements de l’affaire, a été reportée au 21 juin. Mohamed Jmour, dirigeant du Front populaire, a dénoncé « une violation du système judiciaire par des parties politiques responsables qui ont intérêt à taire la vérité ».
Reporté lui aussi à plusieurs reprises, ce procès dure depuis une année. Et cette fois encore, le tribunal de première instance de Tunis a finalement décidé de le reporter au 28 octobre. À l’issue de cette journée, deux des accusés ont néanmoins été libérés après l’établissement de leur non-implication dans l’affaire.
L’assassinat de Chokri Belaïd a été revendiqué par des jihadistes ralliés au groupe État islamique (EI), comme celui d’un autre opposant, le député Mohamed Brahmi, en juillet 2013.
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