Le Burkina post-Compaoré affiche sa volonté de lutter contre la corruption
Le nouveau gouvernement et la société civile burkinabè se donnent la main pour lutter contre la corruption. C’est dans ce contexte que le premier épisode d’une série télévisée intitulée « Stop corruption », réalisée sous l’impulsion du Réseau national de lutte anti-corruption (Ren-Lac) sera diffusé à partir du 18 juin.
« La volonté politique est là » en matière de lutte contre la corruption au Burkina Faso. C’est du moins ce qu’a assuré Paul Kaba Thiéba, le Premier ministre burkinabè à l’occasion du lancement à Ouagadougou, samedi 4 juin, d’une série télévisée nommée « Stop corruption », réalisée par des organisations de la société civile. Selon le chef du gouvernement cette série est « vraiment un film valable pour tout le monde » au regard de son contenu « très didactique ».
« Reconnaître et expliquer le phénomène de la corruption »
S’attachant notamment à dénoncer la corruption en milieu scolaire, elle sera diffusée à partir du 18 juin. La réalisation des 26 épisodes de 26 minutes chacun a été impulsée par le Réseau national de lutte anti-corruption (Ren-Lac). Une organisation qui recommande, entre autres, l’introduction de la lutte contre la corruption dans les programmes d’enseignement ainsi que la formation des enseignants à cette problématique. L’objectif est de rendre « les élèves capables de reconnaître et d’expliquer le phénomène de la corruption (…), de concevoir la lutte contre la corruption (…) et de s’impliquer » dans cette dernière.
Pour le premier responsable de l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (Asce-Lc), Luc Marius Ibriga, « le Ren-Lac a bien choisi en investissant dans la jeunesse, parce que c’est par celle-ci et par le changement de mentalité au niveau des jeunes qu’on pourra véritablement lutter contre la corruption ».
La corruption, un phénomène très présent dans les esprits burkinabè
Selon le rapport 2015 de l’ONG Transparency International sur l’indice de perception de la corruption, le Burkina occupe la 12e place sur 52 pays africains étudiés, soit le 76e au rang mondial avec une note de 38/100, encore loin de la moyenne.
La majorité des Burkinabè pensent que la corruption est répandue notamment dans les secteurs des marchés publics, de la douane, des impôts et de l’éducation. Aux dires du Secrétaire exécutif du Ren-Lac, Claude Wetta, la corruption est « très développée » au point qu’il faut « nécessairement prendre des mesures urgentes et fortes ».
En 2015, le gouvernement de transition qui a succédé au régime du président destitué Blaise Compaoré avait déjà voté une loi anti-corruption. Et des mesures avaient été prises en faveur du renforcement de l’indépendance de la justice, qui s’attelle à mettre en place un pool économique et financier spécialisé dans le traitement judiciaire des dossiers de corruption.
Interdiction d’accepter des cadeaux dont la valeur dépasse 35 000 F CFA
À la fin du mois d’avril 2016, le président Roch Marc Christian Kaboré, qui avait promis dès sa prise de fonction d’appliquer une politique de « tolérance zéro » en matière de répression de la corruption, a fixé le seuil du « délit d’apparence » [fait de mener un train de vie au-delà de ses moyens, NDLR] des agents employés par l’État à 5% au-delà de leurs revenus licites. Il est également interdit à ces derniers d’accepter des cadeaux dont la valeur excède 35000 francs CFA (environ 53 euros). En effet, dans le cadre de missions à l’intérieur du pays, des fonctionnaires bénéficient souvent de cadeaux de diverse nature (surtout animaux et vivres).
Pour donner l’exemple, les autorités publiques (membres de gouvernement, maires et leurs premiers adjoints) ainsi que certains responsables de structures privées (patrons de presse) sont soumis à l’obligation de déclarer sincèrement, à leur entrée et à leur sortie de fonction, leur patrimoine et autres intérêts en remplissant un formulaire conçu par l’Asce-Lc.
De plus, l’Asce est désormais déconnectée de la présidence du Faso. Dans un rapport d’audit rendu public le 22 avril dernier sur la gestion de la Transition, cette institution a déjà épinglé le secteur des marchés publics.
Selon Claude Wetta, secrétaire exécutif du Ren-Lac, les résultats d’une autre étude sur le classement des services les plus corrompus en 2015, seront bientôt publiés par l’organisme. Déjà, Claude Wetta confie que c’est le secteur des marchés publics qui est en passe de se positionner en tête de peloton, déclassant ainsi la douane.
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