À moins d’un an de la présidentielle, le parlement des socialistes a approuvé samedi « à l’unanimité » une résolution affirmant que, « faute de soutien des Verts et du PCF à une primaire de toute la gauche, le Parti socialiste décide d’organiser une primaire ouverte aux acteurs de la Belle Alliance populaire et (à) tous ceux qui soutiendraient la démarche ».
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avait mis fin vendredi soir à un long suspens, en annonçant son intention de proposer au Conseil national l’organisation de cette primaire ouverte à tous les citoyens, mais resserrée sur le périmètre politique de la Belle Alliance populaire (PS, PRG, écologistes pro gouvernement).
Il a redit samedi qu’il « souhaitait » la participation du président de la République.
« Je crois que le président de la République a hâte d’expliquer quels ont été ses choix (…) et de souligner devant l’ensemble des Français comment il a réussi et comment les résultats, que ce soit de la croissance ou de l’emploi, sont bons aujourd’hui et comment tous les indicateurs sont au vert », a ajouté M. Cambadélis sur TF1.
Lors d’une conférence de presse après le conseil national, le patron du PS a affirmé avoir « prévenu hier François Hollande de (sa) décision ». « Il m’a simplement dit que c’était celle du parti socialiste et que cela ne l’étonnait pas ».
« Si je ne suis pas en mesure de remporter la primaire, comment pourrais-je espérer remporter la présidentielle? », a confié à des visiteurs le chef de l’État, élu en 2012 après avoir remporté la primaire de son parti, mais actuellement en position très défavorable pour 2017 dans les sondages.
Le calendrier proposé apparaît sur mesure pour le président de la République, qui doit annoncer en décembre sa décision sur une éventuelle candidature pour un second mandat. Le texte propose d’organiser ces « primaires de l’unité les 22 et 29 janvier ». La date d’ouverture des candidatures est fixée au 1er décembre, la clôture au 15 décembre.
« Dernier clou sur le cercueil »
Primaire de « relégitimation » pour certains, aveu de faiblesse pour d’autres: l’organisation de la primaire est la preuve qu’il n’y a « plus de candidat naturel » du PS à la présidentielle, selon le député et ancien ministre Benoît Hamon (aile gauche du PS).
Sentiment partagé dans l’opposition: « C’est un peu le dernier clou sur le cercueil électoral du Parti socialiste que d’imposer à un sortant (…) de passer par une primaire », a ironisé sur BFMTV Thierry Solère (LR), président du comité d’organisation de la primaire de droite.
Proche du Premier ministre Manuel Valls -un des participants de la primaire 2011-, le sénateur Luc Carvounas a préféré insister sur la « modernité » d’une telle démarche, M. Cambadélis en soulignant le « panache ».
Y a-t-il un risque pour le président de la République ? « Évidemment, c’est un risque », a répondu le premier secrétaire.
« Est-ce que c’est un risque pour Benoît Hamon? Vraisemblablement. Est-ce que c’est un risque pour Arnaud Montebourg? Assurément. Est-ce que c’est un risque pour Marie-Noëlle Lienemann? Certainement. Est-ce que c’est un risque pour Gérard Filoche? Je le pense. Donc tous ceux qui se lancent dans cette campagne, c’est un risque pour eux évidemment », a-t-il glissé, pointant ironiquement la multiplicité des candidatures potentielles sur le flan gauche de M. Hollande.
Dans le camp des partisans de la primaire, les réactions étaient contrastées samedi.
Chef de file des frondeurs, Christian Paul a jugé « acceptable » le texte adopté.
Porte-parole de l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg, François Kalfon aurait souhaité voir écrit que les modalités 2017 seraient les mêmes que celles de 2011.
Il n’a eu que partiellement gain de cause, la direction du PS ajoutant au texte initial une phrase selon laquelle « les modalités de vote et de débat », qui ne seront fixées définitivement que le 2 octobre, « s’inspireront des primaires citoyennes de 2011 ».
« Je voudrais dire à l’ensemble des courants de ne pas avoir d’inquiétude », a affirmé M. Cambadélis.
Mais, a-t-il avoué, vu l’organisation « dans l’urgence », il n’y aura « pas autant de votants que la dernière fois », où la participation avait avoisiné les 2,8 millions.