La Belgique, en lutte contre le terrorisme, reste menacée

La menace terroriste continue à planer sur la Belgique trois mois après les attentats de Bruxelles, et l’inculpation samedi de trois hommes pour « tentative d’assassinat » démontre que si l’enquête se poursuit sans relâche, les jihadistes restent eux aussi actifs sur le sol belge.

Policiers belges , place de la Bourse à Bruxelles, où ont eu lieu les hommes aux victimes des attentats du 22 mars qui ont frappé la capitale belge. © Peter Dejong/AP/SIPA

Policiers belges , place de la Bourse à Bruxelles, où ont eu lieu les hommes aux victimes des attentats du 22 mars qui ont frappé la capitale belge. © Peter Dejong/AP/SIPA

Publié le 19 juin 2016 Lecture : 3 minutes.

Les dizaines de perquisitions effectuées dans 16 communes belges dans la nuit de vendredi à samedi ont-elles permis d’éviter un nouvel attentat, après ceux du 22 mars à l’aéroport et dans le métro bruxellois (32 morts, plus de 300 blessés) ?

Les autorités judiciaires et politiques ne l’ont pas affirmé clairement dans un pays où le sentiment d’insécurité reste fort, même si les les Belges se rassemblent volontiers dans des lieux publics pour suivre le parcours des Diables Rouges à l’Euro-2016.

Mais plusieurs éléments permettent de le penser.

Tout d’abord, le parquet fédéral, qui coordonne la lutte antiterroriste, a expliqué samedi que « les éléments recueillis dans le cadre de l’instruction nécessitaient d’intervenir immédiatement ».

L’ampleur des perquisitions ensuite : « des dizaines » d’opérations, principalement dans à Bruxelles mais aussi en Flandre (nord) et en Wallonie (sud).

Des centaines d’enquêteurs ont fouillé des habitations, 152 boxes de garage, et procédé à l’interpellation d’une quarantaine de personnes, dont 12 ont été entendues par un juge d’instruction antiterrorisme, qui a décidé d’en inculper trois – Samir C., Moustapha B. et Jawad B – et de les placer en détention provisoire.

Selon la télévision publique RTBF, deux d’entre eux, qu’elle identifie comme Moustapha Benhattal (40 ans) et Jawad Benhattal (29 ans), font partie de la famille d’Ibrahim et Khalid El Bakraoui, deux des trois kamikazes des attentats de Bruxelles.

Les deux hommes ont des casiers judiciaires bien remplis pour vols, détention d’armes et coups et blessures, selon la RTBF. Moustapha Benhattal aurait en outre eu des contacts avec Khalid El Bakraoui jusqu’à la fin 2015, tandis que son frère Jawad aurait braqué un bureau Western Union en 2010 à Bruxelles en compagnie d’Ibrahim El Bakraoui, selon les informations de la chaîne publique, non confirmées.

Toujours selon des médias belges, les enquêteurs avaient acquis la conviction, sur la base d’écoutes téléphoniques, qu’une cellule s’apprêtait à commettre un attentat ce week-end, notamment à l’occasion du match Belgique-Irlande samedi après-midi.

Le parquet fédéral n’a donné aucun détail sur les cibles potentielles, mais le chef d’inculpation retenu contre les trois suspects laisse peu de doutes sur leurs intentions: « tentative d’assassinat dans un contexte terroriste » et « participation aux activités d’un groupe terroriste ».

« Travail gigantesque »

Le spectaculaire coup de filet a-t-il pour autant permis de circonscrire la menace ?

Le match Belgique-Irlande (3-0), suivi par des milliers de supporters en Belgique sur des écrans géant, s’est déroulé sans incident.

Mais de l’aveu même du parquet, l’opération n’a pas atteint l’ensemble de ses objectifs, puisqu’ »aucune arme ni explosif » n’ont été retrouvés.

Deux cellules étaient visées, mais « une seule a pu être mise hors d’état de nuire », a affirmé un expert en terrorisme, Claude Moniquet, interrogé par la chaîne France 24.

Le Premier ministre Charles Michel a lui assuré samedi que la situation était « sous contrôle », et salué le « travail gigantesque » des enquêteurs, « qui mettent tout en œuvre pour démanteler les cellules terroristes ».

L’Organe de coordination pour l’analyse de la menace terroriste (Ocam) n’a pas non plus rehaussé son niveau d’alerte, qui reste à 3 (menace « possible et vraisemblable »).

Des messages qui se veulent rassurant, alors que la presse belge a révélé mercredi que les services de police du royaume avaient été avertis que des combattants du groupe État islamique (EI) avaient récemment quitté la Syrie pour commettre des attentats en Belgique et en France.

Pour la justice belge, il faut non seulement contenir les nouveaux risques, mais aussi poursuivre l’enquête sur les attentats du 22 mars.

Vendredi, un huitième homme a été inculpé pour « terrorisme » dans ce dossier. Il s’agit de Yousef E. A., (Ali El Haddad Asufi, selon la presse), qui selon les médias locaux travaillait à l’aéroport de Bruxelles.

Selon ces sources, il s’agit d’un proche des frères El Bakraoui, à qui il aurait notamment indiqué que des vols partaient tous les mardis de Bruxelles pour les États-Unis, la Russie et Israël, trois pays honnis par l’EI. Quant à la Belgique, elle fait partie de la coalition qui lutte contre le groupe jihadiste en Irak et, bientôt, en Syrie.

Les attentats du 22 mars, revendiqués par l’EI, se sont produits un mardi.

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Hommage aux victimes place de la Bourse, dans le centre de Bruxelles, visé par des attentats le 22 mars 2016. © Martin Meissner/AP/SIPA

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