La pêche à la moustiquaire est ouverte en Afrique !
Très pratiques pour attraper les petits poissons, ces filets improvisés sont détournés de leur mission première : la lutte contre le paludisme. Lequel pourrait regagner du terrain.
On les connaissait comme moyens de protection contre les moustiques et autres fâcheuses bestioles. Elles sont maintenant utilisées pour fabriquer… des cages de football, des linceuls, ou des voiles de mariée. Des détournements aussi multiples qu’inattendus et surtout de plus en plus fréquents, notamment en Afrique centrale, en Afrique australe et à Madagascar.
"Les moustiquaires vont directement de leurs emballages à la mer, a récemment expliqué au New York Times Isabel Marques da Silva, chercheuse en biologie marine de l’université Lúrio, au Mozambique. Les gens n’utilisent pas les moustiquaires pour lutter contre les moustiques, mais pour pêcher." Plus efficaces, plus légères, avec des mailles plus fines et plus résistantes, les moustiquaires modernes sont aussi redoutables lorsqu’il s’agit d’attraper les petits poissons, crevettes et autres crustacés.
Une aubaine pour des milliers de familles capables ainsi de pêcher elles-mêmes leur portion quotidienne. Et tant pis pour la protection antimoustiques le soir… Une étude menée l’année dernière par l’ONG Lake Tanganyika Floating Health Clinic dans plusieurs villages entourant le grand lac partagé entre le Burundi, la RD Congo, la Zambie et la Tanzanie a montré que 87,2 % des villageois utilisaient leurs moustiquaires pour pêcher.
Diminution des stocks de petits poissons
Alors que le paludisme recule enfin sur le continent (le nombre de décès lui étant imputé a baissé de 54 % entre 2000 et 2013 selon l’Organisation mondiale de la santé, OMS), grâce justement au meilleur accès des populations aux moustiquaires imprégnées d’insecticide (214 millions ont été distribuées en 2014, la plupart gratuitement), ces mésusages inquiètent fortement médecins et scientifiques. Au Mozambique, dans les régions concernées par le phénomène, "l’incidence du paludisme est très élevée", signale Isabel Marques.
Et les conséquences ne sont pas que sanitaires, elles sont aussi environnementales : diminution du stock de petits poissons et d’oeufs de poissons, pollution des eaux (même si celle-ci est jugée minime pour le moment) par les insecticides dont sont imprégnées les moustiquaires, etc.
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