Libye : à nous les 100 milliards de dollars !
Les deux factions rivales qui revendiquent le pouvoir se disputent désormais le butin. Et tentent, pour cela, de mettre la main sur la Banque centrale.
Alors que la guerre civile entre islamistes et nationalistes risque de balayer tout espoir d’une transition pacifique, le conflit s’étend à un nouveau champ de bataille : la Banque centrale de Libye (BCL). Après avoir vainement tenté d’imposer l’un des leurs à la tête de cette institution, les hommes du général Khalifa Haftar, qui contrôlent de facto de larges pans de la Cyrénaïque, ont pris d’assaut les locaux de la Banque à Benghazi, le 21 janvier.
Jusque-là, la BCL, sous la houlette de la haute administration, était restée l’un des derniers îlots de neutralité du pays. Dépositaire des revenus du pétrole, elle est assise sur un pactole estimé à 100 milliards de dollars de réserves de change. Mais ses responsables tirent la sonnette d’alarme : l’instabilité politique et l’insécurité dans laquelle la Libye est plongée tombent au pire moment, alors que les cours mondiaux des hydrocarbures s’effondrent et que la production nationale reste faible en raison des nombreux blocages dans les installations et terminaux pétroliers.
Subventions et salaires
Elle a atteint péniblement les 363 000 barils par jour fin janvier, dont seulement 200 000 b/j d’exportations. C’est moitié moins qu’en novembre 2014, et moins du quart des niveaux antérieurs au déclenchement du soulèvement libyen (1,7 million de b/j au début de 2011).
"Depuis trois ans, le gouvernement a dépensé 180 milliards de dinars [environ 140 milliards de dollars]", constate Musbah al-Akari, directeur des marchés à la BCL. Le déficit budgétaire devrait s’établir à 19 milliards de dollars pour 2014. En dépit de l’effondrement du gouvernement et des services qu’il est censé fournir – l’électricité et l’eau sont régulièrement coupées, y compris dans la capitale -, la BCL continue à verser les subventions et les salaires, y compris ceux des nombreuses milices officiellement enrôlées par les ministères de la Défense et de l’Intérieur.
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