Le cabinet de conseil BCG sonde « l’optimisme » des consommateurs africains
Le nombre de consommateurs africains devrait atteindre 1,1 milliard d’ici cinq ans, soit « plus que l’Europe et l’Amérique du Nord réunies », selon un nouveau rapport publié mardi par le cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG).
Dans son étude African Consumer Sentiment 2016, publiée ce mardi 21 juin, le Boston Consulting Group (BCG) estime que le nombre de consommateurs africains atteindra 1,1 milliard de personnes d’ici cinq ans.
Cela représente « plus que l’Europe et l’Amérique du Nord réunies », , explique le cabinet de conseil qui invite les investisseurs à repenser leurs stratégies à l’égard du continent.
BCG a mené son étude auprès de 11 127 personnes, dans 11 pays africains, notamment au Nigeria, en Côte d’Ivoire, en Égypte, ou encore en Ethiopie, qui a connu un taux de croissance de +10,5 % en 2015.
85% des consommateurs africains se disent désireux d'acheter de nouvelles choses pic.twitter.com/lEfDokVcqT
— BCGinFrance (@BCGinFrance) June 21, 2016
Qui sont les consommateurs africains ?
Selon BCG, un consommateur est désigné comme toute personne entre 18 et 75 ans, avec un revenu régulier de 50 à 7 000 dollars mensuels. « Le concept de classe moyenne est importé de nos sociétés occidentales et a mené à de nombreuses confusions au sujet de l’Afrique », explique Lisa Ivers, directeur associée du BCG au bureau de Casablanca.
Le concept de classe moyenne est importé des sociétés occidentales.
« La réalité socio-économique africaine est fortement contrastée d’un pays à l’autre, et bien différente de celle des marchés plus matures. Cela ne remet absolument pas en cause notre conviction sur le potentiel de la consommation africaine », selon elle.
Julien Garcier, directeur de Sagaci Research, un autre cabinet de recherche économique spécialisé sur l’Afrique, reconnaît que le continent « est encore loin des sociétés de consommation telles qu’on les connaît ». Il rappelle à ce titre que « la classe moyenne africaine préfère aller faire ses courses alimentaires dans les échoppes de quartier plutôt qu’au supermarché ».
Mais partageant les conclusions de BCG, il ajoute qu’il existe « une forte volonté de profiter de la croissance – souvent répartie entre les très riches et une petite partie de la classe moyenne -, une envie de mieux vivre et d’avoir accès aux services ». La confiance dans un avenir meilleur (88 % des personnes interrogées, soit plus du double que dans les économies « matures ») encourage la consommation. Mais encore faut-il savoir atteindre ces nouveaux marchés.
Même si les problématiques de distribution sont souvent les mêmes, les habitudes de consommation sont très différentes d’un pays africain à l’autre.
L’innovation à tout prix
Tous les spécialistes s’accordent à dire que les investissements qui ont échoué n’ont pas suffisamment tenu compte des spécificités du continent, ou de chaque pays. « Même si les problématiques de distribution, le manque d’infrastructure sont souvent les mêmes, les habitudes de consommation sont très différentes d’un pays à l’autre« , explique Julien Garcier, basé à Nairobi.
« Au Kenya, on ne boit pas de café, mais on consomme beaucoup de produits laitiers. Le contraire du Nigeria. Les industriels ne peuvent pas se développer partout de la même manière », poursuit-il.
Autre handicap à la consommation sur le continent africain : sa faible bancarisation. Sur ce point, BCG encourage les investisseurs à considérer l’intégration bancaire grâce au téléphone portable, comme cela s’est fait avec succès au Kenya par exemple, grâce à la société Mpesa.
BCG rappelle que « d’ici 2019, 250 millions d’Africains qui ne sont pas intégrés au système bancaire posséderont un téléphone portable et un revenu d’au moins 500 dollars par mois ». En Côte d’Ivoire uniquement, l’accès à internet est passé de 200 000 abonnés en 2008 à 8 millions en 2016, grâce au réseau 3G, rappelle le cabinet de conseil.
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