Retour sur la performance de Jesse Owens aux Jeux Olympiques de 1936 de Berlin
Il y a 80 ans, l’Américain Jesse Owens devenait une légende de l’athlétisme en remportant quatre médailles d’or aux Jeux Olympiques de Berlin de 1936. « La couleur de la victoire », un de film de Stephen Hopkins retrace cette victoire historique, venue gripper la machine de propagande nazie. Retour sur une performance entrée dans l’histoire de l’olympisme.
Saut en longueur, 100 mètres, 200 mètres puis relais 4 × 100 mètres : dans l’arène berlinoise d’août 1936 où les drapeaux olympiques flottent aux côtés des étendards nazis, Jesse Owens ne laisse aucune chance à ses adversaires. Ces derniers ne peuvent rien y faire, en 1936, le sprinteur américain est l’homme le plus rapide du monde, et le restera jusque bien des années plus tard.
Mais sur les pistes allemandes, Jesse Owens, né le 12 septembre 1913 dans le sud ségrégationniste des États-Unis, est aussi l’un des seuls noirs présents face à Adolf Hitler. Le dictateur nazi ne supporte d’ailleurs pas les démonstrations implacables de ce petit-fils d’esclave. Après les victoires de l’athlète, il quitte le stade.
Refus du salut hitlérien
Car pour Berlin, la moisson de médailles de Jesse Owens vient surtout gripper la machine de propagande nazie. D’autant qu’au sein du stade, les spectateurs acclament à plusieurs reprises le sprinteur noir, qui montera sur la première marche du podium face aux saluts nazis brandis par des milliers de supporteurs.
Ultime affront à la propagande hitlérienne : Luz Long, l’une des égéries du sport allemand défait par l’Américain, tombera dans les bras de Jesse Owens après sa victoire.
Une scène qui a d’ailleurs inspiré l’un des documentaires consacrés à Jesse Owens : Jesse Owens et Luz Long, le temps d’une étreinte.
Absence de considération à son retour au pays
Les Jeux terminés, l’athlète rentre aux États-Unis, où la ségrégation raciale a toujours cours. S’il est reconnu pour sa performance, la reconnaissance de Washington n’est pas franchement au rendez-vous.
En pleine campagne électorale, Franklin Roosevelt refusera ainsi de recevoir l’athlète à la Maison Blanche. La star olympique déchante, et reste un citoyen de seconde zone.
Il faudra attendre 1955 et Dwight Eisenhower pour que Washington lui décerne les honneurs. Quarante ans après ses exploits, le président américain Gerald Ford lui remettra en 1976 la plus haute distinction accordée à une personnalité civile.
Jesse Owens mourra en 1980 d’un cancer, et ne verra donc pas l’athlète américain Carl Lewis égaler sa performance aux JO de 1984. Il n’empêche : quatre-vingt après son exploit olympique, l’athlète reste une source d’inspiration des cinéastes.
Sorti aux États-Unis en début d’année, le biopic La couleur de la victoire [« Race » en anglais] de Stephen Hopkins revient sur son incroyable parcours pendant les Jeux de 36. De la question du boycott des JO aux interrogations de l’athlète, le film aborde aussi largement la ségrégation raciale dont fut toute sa vie victime Jesse Owens. Il sort en France le 27 juillet.
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