Yoga du rire et méditation : de plus en plus de Tunisiens adoptent la positive attitude
La Tunisie, comme près de 200 nations à travers le monde, célébrait le 21 juin la deuxième journée internationale de yoga décrétée par l’ONU. Une pratique encore assez méconnue dans le pays, mais qui attire de plus en plus de curieux et d’adeptes.
7 heures du matin. Un petit groupe s’agite gaiement devant le parc d’El Menzah 1 (au nord de Tunis), tapant des mains et riant à gorge déployée. La scène, pour le moins inattendue, peut prêter à sourire. Et c’est l’objectif. Depuis septembre 2015 une dizaine de personnes de tous milieux et de tous âges (étudiants, femmes au foyer, salariés…) se retrouvent pour des séances gratuites de yoga du rire. Un état d’esprit et de corps, une parenthèse de détente en plein mois saint du ramadan.
Philosophie de la rigologie
En juillet 2006, Dalila Ghariani est désignée première « ambassadrice du rire » en Tunisie par le médecin Madan Kataria, pionnier du mouvement et fondateur du premier « club de rire » en Inde en 1995. « Nous ne rions pas parce que nous sommes heureux, nous sommes heureux parce que nous rions », aime-t-il à répéter. Une philosophie de la rigologie (thérapie par le rire) que Dalia Ghariani s’est efforcée de partager et de transmettre depuis via des séances de yoga du rire en maison de retraite, auprès d’enfants malades, en groupe ou individuelles. C’est auprès d’elle qu’Omar Damak, 26 ans et diplômé en ingénierie informatique de la faculté des sciences de Tunis, a fait ses premiers pas de yogi en 2009. Six ans plus tard et après un premier voyage initiatique dans le sud de l’Inde, il créé le groupe « Yoga du rire ». « L’idée c’était de créer un espace ouvert à tous, où personne ne juge personne, où l’on pourrait cultiver l’amour, la paix et la joie de vivre de manière inconditionnelle pour se reconnecter avec le côté spirituel et vital de la vie », explique-t-il à Jeune Afrique.
Exercices de respiration, rires (spontanés ou forcés) et relaxation ; une bonne façon de commencer la journée pour les participants de tous profils venus se détendre le corps et l’esprit, notamment en période de jeûne. Et les bienfaits ne manquent pas à en croire les adeptes, qui préconisent une bonne dose de rire quotidienne contre le stress, pour renforcer le système immunitaire, pour remédier à des problèmes de digestion ou de sommeil, et même pour améliorer sa relation aux autres. Et pour les moins sportifs, rire pendant 10 minutes équivaudrait à courir pendant 30 minutes.
« Le fait de se forcer à rire, dans un premier temps, peut s’avérer bizarre, insensé. Mais cette expérience physique se traduit ensuite sur le mental, et au bout d’un moment, on commence à rire de ses problèmes, à dédramatiser, à vivre de façon plus sereine », souligne Omar Damak.
Un intérêt croissant
Une pratique qui, en temps de morosité ambiante, de crise économique et politique, de surconsommation, de doutes ou encore de frustrations, séduit un nombre croissant de personnes, en Tunisie et dans le monde. Plusieurs centres de fitness à travers le pays proposent aujourd’hui des cours de yoga ; une école de yoga a même vu le jour à Tunis en 2014, et des groupes d’échange se forment sur Facebook… et en plein air. Et pour la deuxième année consécutive, l’ambassade de l’Inde à Tunis organise une séance collective de yoga après la rupture du jeûne, pour fêter la journée mondiale de la discipline.
En créant la page « Association ‘Yoga pour Tous’ », Awatef Chaabane, coach de yoga certifiée par une école indienne, espérait voir naître une association dédiée au bien-être. Une tâche qui s’est révélée plus difficile que prévu, cette association n’étant pas vraiment sportive, ni tout à fait culturelle. En attendant une reconnaissance officielle, elle tente de faire connaître cet art dans les différentes régions du pays en organisant des ateliers ouverts à tous. « La pratique du yoga se résume souvent, dans la tête de beaucoup de Tunisiens, à l’image d’une personne assise jambes croisées et yeux fermés pendant des heures », constate-t-elle. « Si le yoga est encore mal connu en Tunisie, il s’y développe doucement et je reçois beaucoup de demandes de l’intérieur du pays concernant des coachs ou des centres de yoga, qui n’existent malheureusement pas encore. »
En règle générale, les femmes sont plus nombreuses à participer aux séances de yoga, ajoute-t-elle. Une façon pour elles de se recentrer sur elles-mêmes, de se changer les idées, de prendre confiance en elles et de refaire le plein d’énergie. Ce qui n’empêche pas plusieurs homme d’en faire de même. « Je me sens beaucoup mieux après, nous confie Nawel, mère au foyer de 42 ans. Je rentre plus zen à la maison, et je retrouve les miens avec encore plus de bonheur… Et surtout pendant le ramadan, durant lequel le stress et la fatigue peuvent vite prendre le dessus !»
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