Infanticide en France : le procès de Fabienne Kabou sous le signe de la sorcellerie

Le mystère plane autour de Fabienne Kabou, accusée d’avoir tué sa fille en 2013 en l’abandonnant sur une plage de la localité de Berck-sur-Mer, à marée montante. Débuté ce lundi, le procès de cette mère infanticide d’origine sénégalaise devant la Cour d’assises de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais (France), est consacré au décryptage de sa personnalité. Retour sur les deux premiers jours d’audience.

Fabienne Kabou au premier jour de son procès à la Cour d’assises de Saint-Omer, le 20 juin (croquis d’audience). © AFP/BENOIT PEYRUCQ

Fabienne Kabou au premier jour de son procès à la Cour d’assises de Saint-Omer, le 20 juin (croquis d’audience). © AFP/BENOIT PEYRUCQ

Publié le 21 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

« La sorcellerie ? C’est la constatation à laquelle j’arrive par défaut, car je n’ai aucune autre explication. » Telles sont les conclusions de l’accusée, qui assure que ce sont des forces occultes qui l’ont poussée à abandonner sa fille Adélaïde, âgée de 15 mois, sur une plage en pleine nuit, juste après lui avoir joué avec elle et lui avoir « donné le sein ».

« Je ne veux pas tuer cet enfant, mais c’est bien de mes mains qu’elle est morte. Je suis contrainte au moment où je le fais », affirme la femme de 39 ans.

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Des mensonges à répétition

Au fil des audiences, Fabienne Kabou, affichant une allure élégante et s’exprimant dans un français châtié, alterne tour à tour entre un ton serein, lorsqu’elle livre le récit pétrifiant du meurtre de la petite « Ada » en une sombre nuit d’hiver, et une irritation palpable lorsqu’elle est confrontée à ses multiples mensonges.

À sa mère, Fabienne Kabou taira en effet jusqu’au bout l’existence de sa fille, qui n’avait pas été déclarée à l’état-civil à sa naissance. Dans son entourage, personne ne semble lui avoir connu d’enfant.

Elle mentira également à son compagnon Michel Lafont, à qui elle fait croire qu’elle prépare un doctorat de philosophie et emprunte une somme de 40 000 pour financer un achat immobilier qui n’a jamais eu lieu. Cette somme, elle l’utilise pour aller consulter des « marabouts et des guérisseurs » avant de commettre son crime.

« Je ne veux pas tuer cet enfant, mais c’est bien de mes mains qu’elle est morte. Je suis contrainte au moment où je le fais »

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Un état de discernement « altéré » au moment des faits ? 

Ces visites occultes auraient pour motif les maux divers dont Fabienne Kabou souffrait durant les années précédant le meurtre d’Adélaïde. Elle évoque notamment des hallucinations et des « délires, comme des murs qui ne cessaient de tonner ».

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Son avocate, Fabienne Roy-Nansion, appelle précautionneusement à prendre en compte les arguments ésotériques de sa cliente : « On est un pied dans la médecine occidentale et un pied dans les croyances africaines dont nous, les Occidentaux, ne connaissons pas les tenants et aboutissants. Maintenant, où est le fond culturel et où est la maladie mentale ? »

L’avocat général, Luc Frémiot, demeure quant à lui sceptique face à ce discours, rappelant le constat unanime sur le niveau intellectuel élevé de Fabienne Kabou :  « Vous êtes face à une femme qui est très intelligente et qui sait qu’il ne faut pas se dire fou, mais qu’il faut donner à manger aux experts pour paraître fou, la sorcellerie est toute trouvée, et puis c’est conforme à sa culture », s’indigne-t-il.

Enfin, si aucun expert examinant le cas n’a remis en cause la responsabilité de Fabienne Kabou, certains médecins estiment que l’état de discernement de l’accusée, faute d’être aboli, était néanmoins « altéré » durant les faits.

Rites mystiques, troubles psychologiques ou stratégie de la défense ? Les prochains jours du procès apporteront peut-être des réponses quant au geste de Fabienne Kabou.

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