Arabie saoudite : Salman Ibn Abdelaziz ou l’histoire d’une succession piégée

Si la transmission du pouvoir s’est faite en douceur après la mort d’Abdallah, le grand âge des héritiers et les rivalités familiales pourraient compliquer la donne à moyen terme.

Mohamed Ibn Nayef (à dr.) ministre de l’Intérieur et petit-fils d’Ibn Saoud. © Muhammad Hamed/Reuters

Mohamed Ibn Nayef (à dr.) ministre de l’Intérieur et petit-fils d’Ibn Saoud. © Muhammad Hamed/Reuters

Publié le 2 février 2015 Lecture : 3 minutes.

Bien qu’Abdallah ait soigneusement préparé la transmission du pouvoir, ses successeurs potentiels étaient eux-mêmes très âgés, ce qui posait déjà la question de leur propre succession. Conformément à la tradition, la couronne doit revenir aux descendants mâles d’Abdelaziz Ibn Saoud, fondateur de la monarchie moderne. Mais le nouveau roi, Salman Ibn Abdelaziz, qui vient d’accéder au trône après la disparition d’Abdallah le 22 janvier, est âgé de 79 ans et connaît de sérieux problèmes de santé.

Pour encadrer la succession, Abdallah avait mis sur pied en 2007 un conseil des membres de la dynastie. Sept années plus tard, en 2014, il fera de son plus jeune frère et ancien chef des renseignements, Muqrin, 69 ans, le deuxième héritier dans l’ordre de la succession, de manière à faciliter l’après-Salman.

la suite après cette publicité

Quand le pouvoir sera-t-il transmis à la génération suivante ?

Si, comme cela était prévisible, la transmission du pouvoir s’est faite en douceur après la disparition d’Abdallah, l’incertitude est de mise pour le moyen terme, le favoritisme des nouveaux régnants à l’égard de leurs proches et de leurs supporters risquant d’exacerber les rivalités.

Le roi Abdallah n’a-t-il pas lui-même promu ses fils à des postes importants afin de les aider à assurer leur avenir ? Le roi Salman Ibn Abdelaziz est membre du puissant clan des Soudairi, dont le leader était le prédécesseur d’Abdallah, le roi Fahd.

>> Lire aussi : Qui était le roi Abdallah ?

la suite après cette publicité

Les fils de l’une des épouses préférées d’Ibn Saoud, Hissa Al Soudairi, continuent de jouer un rôle pivot dans la vie politique du royaume, bien que leur influence ait diminué avec la disparition de Sultan et de Nayef, tous deux anciens princes héritiers. Selon certains analystes, Salman pourrait être tenté de nommer son propre successeur maintenant qu’il a été intronisé. Le prince Ahmed Ibn Abdelaziz, benjamin des Soudairi, éphémère ministre de l’Intérieur en 2012, pourrait aussi faire son come-back en tant qu’héritier présomptif.

Mais la question qui se pose avec de plus en plus d’acuité est celle de savoir quand les gérontocrates de la dynastie des Saoud se décideront enfin à transmettre le pouvoir à la génération suivante, soit aux petits-enfants d’Ibn Saoud, lesquels seraient plus à même de relayer, voire de concrétiser, les revendications d’un large mouvement de jeunes militants appelant à davantage de démocratie et de liberté face aux tenants d’une ligne salafiste pure et dure. Deux figures de la troisième génération se détachent : le ministre de l’Intérieur Mohamed Ibn Nayef, qui jouit d’une bonne image sur le plan international, et le commandant de la Garde nationale – et fils du roi actuel – Mitab Ibn Abdallah.

la suite après cette publicité

L’Arabie saoudite a joué un rôle clé dans la chute des cours du baril en refusant de réduire sa production, arguant qu’elle n’est pas en mesure de soutenir les prix à elle toute seule. Mais si Riyad a adopté cette stratégie, c’est en réalité pour protéger ses parts de marché, car avec 750 milliards de dollars (649 milliards d’euros) de réserves de change, le royaume wahhabite est mieux placé que ses rivaux pour absorber les conséquences d’une baisse des cours du pétrole.

Depuis les soulèvements arabes de 2011, les autorités n’ont pas lésiné sur les dépenses pour acheter la paix sociale. Or la chute des prix du baril a eu pour effet de provoquer un déficit de 40 milliards de dollars dans le budget 2014. La perspective d’une baisse durable des cours a poussé le milliardaire saoudien Al Walid Ibn Talal à tirer la sonnette d’alarme et à préconiser une série de réformes douloureuses destinées à doper la productivité et la création d’emplois, tout en réduisant les coûteuses subventions. Une tâche périlleuse à laquelle devront tôt ou tard s’atteler les prochains souverains.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite le 27 juin 2014 à Jeddah. © AFP

Arabie saoudite : qui était le roi Abdallah ?

Contenus partenaires